Guinée: Ebola laisse la place à une explosion des cas de paludisme
EPIDEMIE•Les décès supplémentaires dus au paludisme sont « vraisemblablement beaucoup plus importants que ceux provoqués par le virus Ebola »...20 Minutes avec agences
L’épidémie d’Ebola en Guinée a conduit à une explosion des cas de paludisme non traités dans ce pays qui pourrait avoir provoqué un excédent de décès bien supérieur à ceux dus au virus Ebola.
D’après une étude publiée ce mercredi dans la revue The Lancet Infectious Diseases, les établissements de soins guinéens ont accueilli 74.000 cas de paludisme en moins au cours de l’année 2014 par rapport aux années précédentes. Un manque de prise en charge qui a conduit à une hausse sensible du taux de mortalité lié au paludisme en Guinée.
Des soignants manquants, des centres fermés et patients redoutant d’être contaminés
Aucun chiffre précis n’a été avancé, mais le Dr Mateusz Plucinski, des Centres de contrôle et de prévention des maladies (CDC) d’Atlanta qui a coordonné l’étude aux Etats-Unis, a indiqué que les décès supplémentaires dus au paludisme étaient « vraisemblablement beaucoup plus importants que ceux provoqués par le virus Ebola », qui est, lui, à l’origine d’une épidémie qui a fait plus de 11.000 morts en Afrique de l’ouest, dont plus de 2.400 en Guinée.
« Le paludisme est l’une des principales causes de fièvre et de consultation en Guinée mais nos données suggèrent que les gens fiévreux ont évité les centres de soins par peur de contracter Ebola ou d’être envoyés dans des centres de traitement Ebola », a expliqué le Dr Plucinski. Dans les districts guinéens touchés par l’épidémie Ebola, le nombre total des soignants, souvent touchés de plein fouet par le virus, a baissé d’un quart l’an dernier tandis que la proportion de ceux qui s’occupent du paludisme est tombée à moins de la moitié contre deux tiers avant l’épidémie.
Un nombre de consultations pour paludisme inférieur de 42 %
Le nombre des patients recevant des traitements antipaludéens oraux a baissé de 24 % (-30 % pour les traitements injectables) pendant l’épidémie Ebola en 2014, par rapport à 2013. Les baisses les plus importantes ont été enregistrées après la troisième vague de l’épidémie qui a débuté en août 2014, avec un nombre global de consultations pour paludisme inférieur de 42 % au niveau pré-épidémique. Selon le Dr Plucinski, le même phénomène a probablement aussi eu lieu en Sierra Leone et au Liberia.
D’après des travaux de modélisation publiés en avril dernier dans The Lancet, le paludisme aurait fait 11.000 morts supplémentaires dans les trois pays. Près de 4.000 autres décès avaient, par ailleurs, été attribués aux ruptures d’approvisionnement en moustiquaires dans ces mêmes pays.