Paludisme: Une plante chinoise fait naître l'espoir en Afrique
MEDECINE•Elle réduirait la mortalité de 39% chez les adultes et de 24% chez les enfants, selon l'OMS...20 Minutes avec agences
Une nouvelle thérapie à base d’artémisinine, une plante chinoise, porte aujourd’hui tous les espoirs dans la lutte contre la malaria, appelée aussi paludisme. En Ethiopie, pays test pour ce traitement, l’hôpital de Tulu Bolo, situé à 80 kilomètres au sud de la capitale Addis Abeba, l’utilise depuis octobre à la place de la traditionnelle quinine, avec des résultats spectaculaires.
« Nous avons constaté une baisse de la mortalité de 35 % avec l’artésunate injectable (un dérivé de l’artémisinine). Les patients se rétablissent mieux et beaucoup plus vite. Avec la quinine, leur état continuait souvent à se détériorer. Avec l’artésunate, ils sortent de la phase léthargique très rapidement, peuvent s’asseoir et recommencer à manger », se réjouit Zerihun Kassa, l’un des médecins de l’hôpital.
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Eviter 195.000 décès par an
Ce nouveau traitement pourrait ainsi permettre d’éviter 195.000 décès par an, estime Unitaid, l’organisation internationale chargée d’améliorer l’accès aux traitements contre la malaria, le sida et la tuberculose. Plusieurs pays tests, parmi lesquels l’Ethiopie, sont déjà parvenus à réduire considérablement la mortalité liée à cette maladie infectieuse grave qui touche près de 200 millions de personnes et fait jusqu’à 755.000 morts par an, principalement en Afrique, selon les chiffres de l’Organisation mondiale de la santé (OMS).
Pour Médecins sans frontières (MSF), l’artésunate réduit la mortalité des cas de malaria sévère de 39 % chez les adultes et de 24 % chez les enfants. L’Ethiopie l’a d’ailleurs introduite en 2013 comme traitement prioritaire des cas de malaria sévère, conformément aux recommandations de l’OMS.
Plus de 60 % de la population éthiopienne menacée par la maladie
L’Ethiopie fait partie, avec le Nigeria, le Cameroun, le Kenya, le Malawi et l’Ouganda, d’un groupe de six pays particulièrement touchés par la malaria, où la quinine est encore largement utilisée et pour lesquels l’organisation Unitaid tente de généraliser l’usage du nouveau traitement.
Plus de 60 % de la population éthiopienne est menacée par cette maladie, provoquée par un parasite qui pénètre dans l’organisme à la suite d’une piqûre de moustique. La menace est particulièrement forte après la saison des pluies, entre septembre et décembre.
Toucher les zones éloignées et isolées
Malgré la généralisation progressive de l’artésunate dans les hôpitaux, le traitement est encore hors de portée pour une grande partie de la population qui vit dans des zones reculées et difficilement accessibles.
Le défi est donc de faire parvenir ce traitement au niveau des centres de santé de ces villages éloignés. Ainsi, à Dembeli Dildila, un village auquel on accède après 30 minutes de marche depuis la route principale au sud de Tulu Bolo, un petit centre de santé, a déjà reçu des tests pour détecter rapidement les crises de malaria. Un dérivé de l’artésunate sous forme de suppositoire, en cours d’élaboration, doit permettre de proposer, à l’avenir, un traitement immédiat.