Paludisme: Le vaccin expérimental offre une protection limitée
ETUDE•Chaque année, le paludisme tue 1.200 enfants en Afrique subsaharienne…20 Minutes avec agences
Le vaccin expérimental (le plus avancé du monde) contre le paludisme offrirait aux jeunes enfants une protection limitée. Il permettrait tout de même de protéger des millions d’enfants exposés au parasite, selon les résultats d’une vaste étude, publiée ce vendredi dans la revue médicale The Lancet.
Selon les résultats de l’essai clinique, mené sur 15.500 bébés et d'enfants en bas âge de sept pays d'Afrique, l’efficacité du vaccin, baptisé «RTS,S» par le géant pharmaceutique britannique GlaxoSmithKline (GSK), reste modérée. Pire, sans rappel, celle-ci diminuerait avec le temps.
Une efficacité moderée
Pour parvenir à ces résultats, les chercheurs ont observé le développement de la maladie sur les enfants, ceux-ci ayant reçu une injection de rappel 18 mois après la dernière dose de la vaccination initiale, comportant trois doses administrées au cours des trois premiers mois de vie.
Chez ceux qui ont reçu une dose supplémentaire, le nombre de simples épisodes cliniques de paludisme après quatre ans a été réduit d'un peu plus d'un tiers (36%). Sans dose de rappel, le vaccin n'a pas démontré d'efficacité significative contre le paludisme sévère dans ce groupe d'âge. Cependant, chez ceux qui ont eu un rappel, l'efficacité protectrice globale contre les formes graves de paludisme était de 32%, et de 35% contre les hospitalisations liées au paludisme. Par ailleurs, chez les nourrissons dont la vaccination a été suivie d'un rappel, la réduction de crises palustres était de 26% sur trois ans de suivi, mais il n'y a pas eu de protection significative contre les accès sévères de malaria.
«Il ne marche pas aussi bien que l’on espérait»
Selon Brian Greenwood, co-auteur de l’étude et chercheur à la London School of Hygiene and Tropical Medicine à Londres le rappel a restauré un peu de l'immunité perdue après la première série d'injections. Il précise: «Malheureusement, l'effet n'est pas aussi important que celui que l'on voit avec d'autres vaccins.»
Nick White, professeur de médecine tropicale à l’Université Mahidol à Bangkok et à Oxford partage son avis: «Nous avons enfin un vaccin contre le paludisme qui marche -mais il ne marche pas aussi bien que l'on espérait au départ.»
584.000 décès en 2013
Malgré ce constat, «RTS,S» reste à ce jour, le vaccin expérimental le plus prometteur contre le paludisme, qui tue en moyenne 1.200 enfants chaque jour en Afrique subsaharienne. Par ailleurs, c'est aussi le premier vaccin contre le paludisme à atteindre la phase trois des essais cliniques, l'étape nécessaire avant la commercialisation.
Le paludisme, dû à un parasite, le Plasmodium, transmis par des moustiques, a tué 584.000 personnes dans le monde en 2013, essentiellement en Afrique, selon l'OMS, les enfants de moins de cinq ans représentant au moins les trois quarts de ces décès. Dans de nombreuses régions du monde, les parasites sont devenus résistants à plusieurs médicaments antipaludéens, problème auquel s'ajoutent des résistances aux insecticides, ce qui renforce l'intérêt pour la mise au point d'un vaccin.