INTERVIEWVaccination: «Si on n'est pas sûr d'être à jour, il faut faire ses rappels»

Vaccination: «Si on n'est pas sûr d'être à jour, il faut faire ses rappels»

INTERVIEWDaniel Floret, président du Comité technique des vaccinations, constate un certain relâchement chez les adultes...
Même quand on est adulte, il faut être à jour de ses vaccins.
Même quand on est adulte, il faut être à jour de ses vaccins. - Uncredited/AP/
Anissa Boumediene

Propos recueillis par Anissa Boumediene

En cas de vacances programmées dans un pays exotique, on a tendance à se renseigner sur les vaccins recommandés avant son départ. Mais pour ce qui est des piqûres de rappel des vaccins de base, là, c'est une autre histoire. A l'occasion de la Semaine européenne de la vaccination, qui se déroule jusqu'à samedi, Daniel Floret, président du Comité technique des vaccinations, fait le point pour 20 Minutes.

Les adultes ne se sentiraient-ils pas vraiment concernés par leur vaccination en France?

C'est vrai, les adultes d'âge moyen sont peut-être plus relâchés sur leur propre vaccination, bien qu'ils soient toujours plus nombreux à être convaincus de ses bienfaits. La réalité est qu'il existe très peu d'informations sur cette problématique: il n'y a pas de chiffres précis sur la couverture vaccinale des adultes.

Quel risque y a-t-il à ne pas être à jour de ses vaccins?

On risque de tomber malade. Si la diphtérie et la polio ont aujourd'hui pour ainsi dire disparu en France, le risque de contracter le tétanos est toujours bien présent, que ce soit en jardinant ou en se faisant une blessure bénigne. Pour les autres maladies, c'est moins grave, puisque la couverture vaccinale des enfants est excellente. Mais si cette couverture baisse, cela fait courir le risque collectif de voir des maladies réapparaître en France.

Comment savoir si on est à jour de ses vaccins et quelle est la marche à suivre pour l'être?

En 2013, le calendrier vaccinal à destination des adultes a été modifié. Désormais, plutôt que de recommander des rappels tous les dix ans, nous préconisons des rappels à âge fixe: à 25 ans, à 40 ans, etc. C'est une mesure dont on espère à long terme qu'elle améliorera la connaissance des patients sur leur propre statut vaccinal et qu'elle permettra aux médecins généralistes d'assurer un meilleur suivi. Le carnet de vaccination électronique, qui est aujourd'hui expérimenté en Aquitaine, est aussi un outil qui fait ses preuves. Son étendue à l'échelle nationale et son intégration au dossier médical électronique permettrait d'optimiser la couverture des adultes. En outre, les vaccins de l'adulte ne posent pas de problèmes de tolérance. Si on n'est pas sûr d'être à jour, mieux vaut refaire ses piqûres de rappel.

Les femmes qui souhaitent tomber enceintes doivent-elles être à jour de vaccins spécifiques?

Le vaccin capital dans ce cas est celui contre la coqueluche, une maladie gravissime pour les nourrissons de moins de six mois. A cet âge-là, ils ne sont pas encore vaccinés contre ce virus et ne sont donc pas protégés. Dans plus de la moitié des cas, les bébés contaminés par la coqueluche le sont par l'un des parents, en particulier la mère. Idéalement, il est donc recommandé qu'elle soit à jour de ce vaccin avant la grossesse. Mais si une femme tombe enceinte sans avoir fait son rappel, et puisqu'en France les femmes ne sont pas vaccinées lorsqu'elles attendent un enfant, la mère peut être vaccinée aussitôt après l'accouchement, avant même sa sortie de la maternité.

Autre vaccin très important pour les futures mères: celui contre la rubéole. La rubéole congénitale est extrêmement grave et peut entraîner chez l'enfant à naître des malformations. Le seul moyen de s'en prémunir reste donc la vaccination en amont.