Et s'il fallait s'arracher les cheveux pour les faire repousser?
SANTE•La technique permettrait de faire repousser deux à six fois plus de cheveux...
Anissa Boumediene
Que faire quand sa chevelure commence à se clairsemer? Certains hommes peuvent opter pour des stratagèmes plus ou moins élaborés pour tenter de masquer leur calvitie naissante. Pourtant, pas la peine de couper les cheveux en quatre, mieux vaut les arracher! C'est le surprenant résultat d'une étude parue ces derniers jours dans la revue scientifique américaine Cell, qui démontre l'efficacité de l'arrachage pour entraîner une repousse capillaire plus importante.
Entre deux et six fois plus de nouveaux cheveux
Les chercheurs de l'Université de Californie du Sud ont testé un arrachage ciblé sur des souris. Ils ont ainsi enlevé deux cents poils à chaque rongeur, avant de constater selon les individus une repousse de 450 à 1.300 poils sur la zone épilée et à proximité. Mais n'arracher que quelques poils sur une zone large ne s'est pas avéré probant. En revanche, en enlever un nombre plus conséquent sur une zone resserrée a stimulé le cycle de repousse.
Pour être efficace, le poil, ou cheveu, «doit être arraché avec son bulbe, ou follicule. Face à l'agression, il envoie un signal de détresse à ses voisins, ce qui a pour effet de stimuler non seulement la régénération du cheveu arraché, mais aussi celle de cheveux à proximité», détaille le Dr Cheng-Ming Chuong, qui a mené les recherches. Les chercheurs pensent en effet que le follicule ne réagit pas individuellement à l'arrachage du cheveu. «Nous avons découvert comment les cheveux communiquent entre eux lorsqu'ils sont agressés», renchérit le Pr Philip Murray, coauteur de l'étude.
Pas encore de tests humains
Mais point de précipitation. Pour le moment, il est préférable de laisser ses tifs confortablement plantés dans son cuir chevelu: la phase de tests sur l'homme n'est pas encore à l'ordre du jour. «On ne sait pas si cette méthode permettra de guérir la calvitie humaine. C'est la question à un million de dollars», tempère Chris Mason, professeur de médecine régénérative à l'University College de Londres.
D'autant que la technique de l'arrachage pur et simple semble un peu trop radicale pour une application à l'être humain. Les scientifiques espèrent désormais mettre au point un médicament qui permettrait de recréer le système de communication entre les follicules capillaires pour stimuler la pousse des cheveux. Un espoir à long terme considérable pour les hommes et femmes souffrant d'allopécie.
«C'est un bon exemple de la manière dont la recherche fondamentale peut mener à un travail ayant une application potentielle à valeur ajoutée pour l'homme», s'est réjoui déclaré Cheng-Ming Chuong, surtout quand on sait que la moitié des hommes de plus de 50 ans sont concernés.