Le sucre, perturbateur hormonal des jeunes filles?
ETUDE•Une étude américaine affirme que boire sucré pourrait être synonyme de puberté précoce...20 Minutes avec agence
Consommer régulièrement des boissons sucrées pourrait avancer la date de survenue des premières règles chez les jeunes filles et augmenter légèrement le risque de cancer du sein. Tel est le constat d'une étude américaine, accueillie toutefois avec réserve par certains spécialistes.
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Après s'être penchés sur les habitudes de consommation de quelque 5.500 Américaines, âgées de 9 à 14 ans entre 1996 et 2001, des chercheurs ont montré que celles qui buvaient plus d'un verre et demi de boissons sucrées par jour avaient, en moyenne, leurs premières règles 2,7 mois plus tôt que celles consommant deux verres ou moins par semaine. Les chercheurs ont indiqué avoir abouti à ce résultat après avoir éliminé les effets du poids, de la taille, de la nourriture ingérée et de l'activité physique.
Sucre, surpoids...
«Notre étude suggère que les premières règles se sont produites plus tôt, indépendamment de l'indice de masse corporelle (IMC), chez les filles consommant les plus grosses quantités de boissons contenant des sucres ajoutés», relève ainsi Karin Michel, professeur associé à la Harvard Medical School de Boston, qui a dirigé l'étude publiée ce mercredi dans la revue médicale Human Reproduction.
« Frequent consumption of sugary drinks linked to earlier menarche. Research published in #ESHRE's Human Reproduction. http://t.co/EeZBRMjhf1 — ESHRE (@ESHRE) January 28, 2015 »
Les chercheurs n'ont, par ailleurs, pas trouvé de différence pour l'apparition des premières règles entre les jeunes filles buvant des sodas light ou des jus de fruits sans sucres ajoutés et celles consommant peu de boissons sucrées. Des résultats en forme de carton rouge pour ces boissons sucrées et sodas qui provoquent déjà surpoids et obésité.
Car, ici, le sucre contenu dans ces boissons consommées en grande quantité entraîne plus rapidement une hausse du taux d’insuline dans le sang. Or l'insuline a elle-même un impact sur les hormones sexuelles, expliquent les chercheurs. Un constat à ne pas prendre à la légère, sachant notamment que si le phénomène de la puberté précoce a toujours existé, le nombre de cas ne cesse d'augmenter.
Et cancer du sein...
Interrogés sur l'étude, plusieurs experts ont souligné que les données sur la taille ou le poids n'avaient pas été recueillies par les auteurs, mais résultaient de déclarations, pas forcément fiables, faites par les familles, «ce qui peut modifier complètement les conclusions», estime le Dr Michel Colle, pédiatre endocrinologue spécialisé dans les pubertés précoces. Ce dernier regrette également le caractère trop alarmiste du message au sujet du risque accru de cancer du sein.
Les auteurs de l'étude font, en effet, allusion à ce risque accru, estimant qu'une avancée de 2,7 mois de la date de survenue des premières règles pourrait avoir un impact de l'ordre de 1% qu'ils qualifient toutefois de «modeste». A noter qu'une récente étude, publiée par l’Académie nationale des sciences aux États-Unis et appuyée par l’Institut national du cancer, avait démontré que le sucre dérivé de la viande rouge, appelé Neu5Gc, pourrait favoriser l’inflammation des tissus, la formation et le développement de cellules cancéreuses.