Ebola : Pourquoi fait-on appel à la France pour soigner des patients étrangers?
EPIDEMIE•Un premier patient étranger contaminé en Afrique a été admis à l’hôpital Bégin ce week-end...Romain Scotto
Après les aides financières et matérielles, la France a franchi un pas supplémentaire dans son protocole de lutte contre l’épidémie d’Ebola qui sévit en Afrique de l’ouest. Pour la première fois, un patient étranger, contaminé en Sierra Leone, a été admis dans hôpital français (Bégin), un établissement qui a fait ses preuves depuis la rémission de l’infirmière française d’MSF, soignée dans le même service il y a un mois.
Le ministère de la Santé est resté très discret sur l’identité du patient, dont on ne connaît à ce jour ni le sexe, ni l’âge, ni l’état de santé. Sa nationalité n’est pas connue non plus, mais on sait que ce malade n’est pas français et qu’il travaillait pour l’ONU. S’il est soigné aux portes de Paris actuellement, il le doit à l’engagement pris par le gouvernement français vis-à-vis de l’Organisation mondiale de la santé pour aider l’Afrique à sortir de cette crise. Comme plusieurs pays européens, la France a proposé son aide dans la prise en charge médicale des personnels humanitaires mobilisés par les ONG et les agences des Nations Unies pour combattre le virus.
Comme l'Allemagne et la Suisse
L’OMS a sollicité la France, qui a «accepté de répondre favorablement à la demande», indique le Ministère. Profitant du dispositif d’ «exfiltration», ce malade a bénéficié d’une évacuation sanitaire par avion spécial. L’ensemble du circuit de prise en charge a été sécurisé jusqu’à son placement en isolement de haute sécurité en chambre dédiée, où il reçoit désormais des soins intensifs.
Jusque-là, seuls deux pays avaient accepté de traiter des malades étrangers. L’Allemagne en a accueilli trois: un Soudanais, employé de laboratoire de l’ONU, un épidémiologiste sénégalais de l'OMS, et un soignant ougandais. La Suisse a également accueilli un patient en provenance de Sierra Leone mi-septembre, sans communiquer sa nationalité. Les autres malades transférés depuis la zone d’épidémie (six pour les Etats-Unis, deux pour l’Espagne, deux pour les Pays-Bas et un pour la Norvège) étaient tous originaires de leur pays d’accueil.
20 millions d'euros pour un centre en Guinée
Pour la France, il s’agit aussi de répondre au scepticisme de David Nabarro, l’un des coordinateurs de l’Onu, qui a récemment reproché aux autorités de tarder à mettre en place leurs moyens contre Ebola. Face à la crise, les rôles ont été répartis entre les Etats. Les Etats-Unis interviennent au Liberia, la Grande-Bretagne en Sierra Leone et la France en Guinée, une de ses anciennes colonies.
L’Elysée a donc annoncé récemment un «engagement financier immédiat» de 20 millions d'euros, principalement destiné à financer un centre de soin à Macenta, une région forestière de la Guinée. Quatre autres centres pourraient également voir le jour à travers le pays pour lutter contre l'épidémie.