Ebola: De SOS Médecins à Bichat, comment le personnel médical se prépare?
SANTE•Les services médicaux susceptibles d’être en contact direct avec des malades du virus Ebola s’entraînent depuis quelques semaines…Romain Lescurieux
La France serait prête. Après avoir annoncé le 20 octobre la tenue d'un «exercice grandeur nature dans tous les services d'urgences» pour vérifier qu'ils sont en mesure d’accueillir un malade d'Ebola, la ministre de la Santé Marisol Touraine a rappelé qu’aucun cas avéré n’était actuellement sur le territoire mais que «la France était préparée».
En effet, les services médicaux susceptibles d’être en contact direct avec ces patients s’entraînent quotidiennement. Prise en charge, habillage, déshabillage des combinaisons anti-infectieuses, rien n’est laissé au hasard. De SOS Médecins à l’hôpital Bichat, quelles sont les impressions du personnel soignant dans le circuit d’acheminement d’un éventuel malade, de la prise de contact à son isolement?
«Il n’y a pas de craintes ou de phobies, c’est notre métier»
S’ils ont eu un cas suspect le week-end dernier en région parisienne, les professionnels de santé ambulatoire ne cèdent pas à la panique. «Il n’y a pas de craintes ou de phobies, c’est notre métier», lâche Serge Smadja de SOS Médecins. «Nous savons ce qu’il faut faire et ne pas faire et tout est mis en place pour que l’on ne touche pas un patient qui présenterait des risques. Après, c’est sûr que si il y a 10, 15, ou 20 cas suspects en quelques jours, je changerai de discours», dit-il.
Pour certains médecins généralistes, même constat. Sophie, 28 ans, se sent suffisamment informée. «Le virus ne s’attrape pas comme ça. Si un patient se présente à nous et que nous le considérons comme suspect après avoir posé des questions sur un éventuel voyage, nous appelons le 15», affirme-t-elle sereinement. Car si tel est le cas, le SAMU organise alors l’intervention d’une équipe du SMUR, spécialement formée, pour venir chercher le patient.
«Oui des cas suspects arrivent à Bichat mais aucun n'a été avéré»
Combinaisons anti-infectieuses, lunettes et gants de protection… Les équipes d’urgence sont sur le qui-vive pour prendre en charge un patient suspect. Selon le Pr Pierre Carli, directeur du Samu de Paris, «les équipes sont opérationnelles» pour faire face à d’éventuels cas en France mais un «effort d’information» doit être aussi fait en direction des autres services hospitaliers, déclarait-il récemment à l’AFP. Car c’est là que se déroule la dernière étape du circuit.
Selon la situation géographique, le patient est orienté au plus vite vers l'un des douze établissements de référence à Paris (Bichat et Necker), Lyon, Lille, Strasbourg, Marseille, Bordeaux, Rennes, La Réunion, Rouen, Nancy et Saint-Mandé. Il est alors admis au service des maladies infectieuses et tropicales, dans une chambre isolée et adaptée pour subir un prélèvement sanguin. L'échantillon est ensuite envoyé pour analyses par transport spécial vers le centre de référence des fièvres hémorragiques basé à Lyon.
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A l’accueil de l’hôpital Bichat, une affichette rappelle les symptômes et les mesures à prendre face à Ebola. «Evidemment des cas suspects arrivent à Bichat mais aucun cas n’a été avéré pour le moment», précise un professionnel de l’hôpital. Mais les formations, les entraînements et les réunions sont «nombreuses pour les services concernés», rassure-t-il.