CARDIOLOGIEJournée mondiale de l'AVC: Les troubles du rythme cardiaque doivent nous alerter

Journée mondiale de l'AVC: Les troubles du rythme cardiaque doivent nous alerter

CARDIOLOGIEPathologie méconnue, la fibrillation atriale est responsable d’un AVC sur 5 en France…
Romain Scotto

R.S.

Le nom est aussi barbare que le mal est sournois: fibrillation atriale. Derrière ce terme médical méconnu se cache aujourd’hui un accident vasculaire cérébral sur cinq. Et à croire les médecins, il peut frapper tout type de patients, sans que ceux-ci ne ressentent le moindre symptôme. A l’occasion de la journée mondiale de l’AVC (qui frappe 120.000 à 140.000 personnes chaque année en France) Christophe Leclercq, cardiologue au CHU de Rennes décrypte cette pathologie.

Le trouble du rythme le plus fréquent. «C'est une arythmie très spécifique. On estime entre 600.000 et un million le nombre de patients qui souffrent de fibrillation atriale. Le nombre de nouveaux cas par an est de 250.000. Normalement, toutes les secondes, une impulsion électrique part de la partie supérieure de l’oreillette droite du cœur, diffuse au niveau de l’oreillette droite, gauche, et au niveau des ventricules. En cas de fibrillation atriale, des foyers dans les veines pulmonaires déchargent avec une activité électrique extrêmement rapide. A ce moment-là toute l’activité électrique des oreillettes devient anarchique. Se forme alors un caillot dans un cul-de-sac de l’oreillette gauche. Autre conséquence, la cadence ventriculaire est extrêmement rapide.»

Une population difficile à diagnostiquer. «Ce n’est pas facile car une partie des patients est totalement asymptomatique. Plus les patients sont âgés, plus le risque est important. C’est une pathologie qui va augmenter au cours des prochaines années. Le diagnostic se fait le plus souvent quand le patient consulte parce qu’il sent des palpitations. Parfois, il est essoufflé, se sent fatigué. Il présente des vertiges ou des douleurs thoraciques.»

De nombreux facteurs de risques. «Un tableau de scores existe pour évaluer les risques. Il inclut des critères simples. La présence d’une insuffisance cardiaque, une hypertension artérielle, l’âge (au-dessus de 75 ans), le diabète, le fait d‘avoir déjà fait un AVC et le sexe. Le fait d’être une femme est un facteur de risque. Une étude a révélé que les femmes qui n’ont pas de fibrillation atriale ont une probabilité de 20% de décès ou hospitalisation pour des raisons cardiovasculaires. Chez les femmes qui ont une fibrillation atriale, le taux est de 85%.»

Des complications dramatiques. «Les complications de la fibrillation atriale sont aussi nombreuses. On a souvent considéré comme une pathologie bénigne. On n’en meurt pas directement. Mais les complications sont dramatiques comme l’AVC, une altération de la qualité de vie, ou une augmentation de la mortalité. Toutes les 20 minutes, un AVC en France est dû à la fibrillation atriale. Il faut aussi savoir que les AVC liés à la fibrillation atriale sont plus graves que les autres. 50% entraînent une mortalité dans l’année. Contre 30% pour les autres causes.»

La protection des patients. «Elle se fait essentiellement sur la prescription des anticoagulants. Nous avons deux types de médicaments les anti-vitamine K et les anticoagulants oraux directs venus plus récemment sur le marché. Le problème des premiers est qu’ils sont difficiles à équilibrer avec des contrôles fréquents. Et ils présentent aussi des risques.»