VITALITERecherche: La qualité du sperme dégradée par l’aluminium?

Recherche: La qualité du sperme dégradée par l’aluminium?

VITALITEUne coloration spécifique de l’aluminium a permis de révéler la présence de particules à l’intérieur des spermatozoïdes...
Romain Scotto

Romain Scotto

Non, Messieurs, cela n’a rien à voir avec votre virilité. Si la qualité du sperme décline, c’est plutôt la faute des nombreux perturbateurs endocriniens auxquels les hommes sont confrontés. Une récente étude menée en collaboration par deux équipes en France et au Royaume-Uni met l’accent sur le rôle de l’aluminium qui pourrait être à l’origine d’une diminution du nombre de spermatozoïdes. Sur les seize dernières années, une baisse d’un tiers du nombre de spermatozoïdes a été observée chez les Français.

«On observe une tendance à la diminution de la qualité du sperme au sein de la population et des équipes de recherche ont évoqué un lien possible avec des facteurs environnementaux sans pour autant être en mesure de préciser l’ensemble des causes, indiquent les professeurs Christopher Exley de l’université de Keele et Michèle Cottier, du CHU de Saint-Etienne. Dans le même temps, l’exposition humaine à l’aluminium a augmenté de manière significative et nos observations de contamination du sperme par l’aluminium nous amènent à poser la question du rôle possible de l’aluminium dans l’évolution de la qualité du sperme».

Un tiers de spermatozoïdes en moins sur les 16 dernières années

Pour déterminer la concentration d’aluminium dans le sperme, les chercheurs ont donc procédé à une analyse par microscopie à fluorescence en examinant deux groupes distincts de patients. L'un regroupant des hommes ayant un faible taux de spermatozoïdes dans le sperme (moins de 39 millions par éjaculat), et l'autre des hommes ayant plus de spermatozoïdes (plus de 39 millions). «On a constaté que les premiers avaient un taux d'aluminium de 478mg par litre (de sperme). Et les seconds 306 mg par litre», commente le docteur Jean-Philippe Klein, l'un des auteurs de l'étude.

Leurs conclusions ne leur permettent pas encore de considérer l'aluminium comme un perturbateur endocrinien dans la mesure où le passage de cet élément dans le système endocrinien n'est pas établi. «On sait que c’est toxique. Mais on ne dit pas du tout qu’il faut arrêter l’aluminium, précise le docteur Klein. Il faut être au courant des effets que cela peut avoir. Eviter, c’est compliqué car il y en a partout.» Que ce soit dans l’alimentation, les cosmétiques (les anti transpirants), certaines thérapeutiques spécifiques, l’eau ou même l’air.