Ebola: Comment la France s’active sur le front de la recherche
EPIDEMIE•Plusieurs pistes scientifiques ont été lancées pour lutter contre l’épidémie actuelle. Et celles à venir…Romain Scotto
C’est peut-être l’unique conséquence positive de l’épidémie d’Ebola. Dans un contexte d’urgence, la recherche scientifique s’accélère. Aucun vaccin ou traitement efficace n’existe à ce jour pour soigner le virus. Mais les biologistes du monde entier planchent sur le remède miracle. Pour l’instant, seuls quatre traitements sont autorisés, le TKM-100-802 (Canada), le Z Mabs proche du Z Mapp (Etats-Unis) mais actuellement indisponible, et le Favipiravir (Japon). Côté vaccin, trois produits seraient en cours de développement en Russie, un autre en Grande-Bretagne et un dernier au Canada. En France, les recherches en cours sont supervisées par le professeur Delfraissy, récemment nommé par Manuel Valls comme coordinateur des opérations de réponse à cette crise. Le «Monsieur Ebola» français évoque des projets à court terme, portant sur la prise en charge thérapeutique des malades. Et à moyen terme, sur des aspects plus fondamentaux (vaccin, réponse immunitaire).
Diagnostic. L’une des urgences consiste à identifier au plus vite le virus chez un malade. Sur le terrain, les techniques de diagnostics utilisables ne seraient pas standardisées. L’objectif est de «développer un diagnostic lyophilisé qui différenciera l'infection par Ebola d'autres maladies hémorragiques endémiques». Un autre test, non différentiel cette fois, est également à l’étude. D’un format identique à celui des tests de grossesse, il permettra d’identifier Ebola à partir d’une goûte de sang ou d’urine. En 10 minutes, un patient présentant les symptômes sera fixé sur sa maladie.
Traitements. Des tests précliniques d’efficacité thérapeutique devraient rapidement débuter en France sur des animaux. Dans ce cadre, trois types d’antiviraux potentiels seront testés: le favipiravir, la lavimudine, une molécule qui agit d'habitude sur le virus du Sida, et des anticorps (sérums de patients convalescents). Les premiers résultats sont attendus dans 4 semaines pour la lavimudine. Vingt semaines pour la favipiravir et 5 pour les tests anticorps.
Repositionnement. Une équipe scientifique travaille actuellement à l’identification de médicaments qui bénéficient déjà d’une autorisation de mise sur le marché et qui pourraient être «détournés» de leur usage initial pour soigner Ebola. Au total, 54 molécules auraient été identifiées dans des anticancéreux ou des médicaments contre l’apoptose (le déclenchement de l’autodestruction des cellules).
Génétique. Pour mettre en évidence d’éventuels liens entre le taux de survie et certains facteurs génétiques, les chercheurs ont mis en place un suivi des patients convalescents. Il s’agit pour eux d’évaluer l’évolution «clinique, virologique, immunologique et psychosociale des personnes infectées par Ebola et déclarées guéries.» Les patients, suivis pendant un an, seront prochainement identifiés à la sortie des centres de traitement en Guinée ou dans le cadre du suivi mis en place à Boende en République démocratique du Congo.