EPIDEMIELe vaccin contre Ebola existerait «si les budgets n'avaient pas été coupés»

Le vaccin contre Ebola existerait «si les budgets n'avaient pas été coupés»

EPIDEMIEL'institut de santé américain aurait perdu 50 millions de subventions en dix ans...
Romain Scotto

Romain Scotto

Alors qu'Ebola a tué un homme à Dallas et contaminé un soignant au Texas, le directeur du NIH (l'Institut américain de la santé), a livré une lecture assez alarmante de la recherche contre ce virus aux Etats-Unis. Selon Francis Collins, tout est une question de budget. Un vaccin aurait déjà pu être distribué si l'austérité budgétaire fédérale n’avait pas ralenti le développement de la recherche dans ce domaine.

«Franchement, si nous avions reçu plus de soutien en dix ans, nous aurions probablement eu un vaccin à temps avec des essais cliniques», s'indigne Francis Collins cité par le Washington Post. L'Institut national des allergies et des maladies infectieuses, une division du NIH qui traite les virus, aurait enregistré une coupe budgétaire de 50 millions de dollars entre 2004 et 2013.

«Ebola n’intéressait personne. C’était 2.000 morts en 40 ans.»

Désormais, un financement d'urgence a été approuvé par le Congrès, mais cela n'emballe pas vraiment le directeur du NIH. Depuis de longues années, Collins se bat pour que son institut reste à la pointe de la recherche. Récemment, Christian Brechot, directeur de l’institut Pasteur, expliquait à 20 Minutes que ces dernières années, la recherche sur les fièvres hémorragiques n’a pas été considérée «comme un sujet prioritaire» parce que les épidémies précédentes étaient limitées.

«Ebola n’intéressait personne. C’était 2.000 morts en quarante ans. Autant vous dire que ça ne représentait pas un marché. Il n’y avait qu’une poignée de chercheurs qui travaillaient dessus», poursuit Sylvain Baize, responsable du centre national des Fièvres hémorragiques virales. Maladie négligée, Ebola est désormais au centre d’une «compétition» entre pays. Certains scientifiques ont subitement changé d’objet d’étude. Des «task forces» ont été montées et l’OMS a largement assoupli les protocoles des procédures réglementaires pour que les traitements soient rapidement disponibles. Même si à ce jour, l’Afrique attend toujours.