Du Botox pour soulager les douleurs névralgiques
SANTÉ•Connue pour ses vertus esthétiques, la toxine botulique permettrait de soulager les névralgies causées par le virus du zona…Anissa Boumediene
Prisé par des millions de personnes en quête de jeunesse éternelle, le Botox a des vertus médicinales moins connues mais bien réelles. Utilisé dans les cabinets de médecine esthétique, le Botox a, par son action paralysante sur les muscles du visage, un effet antirides. Selon une étude américaine, c’est pour ses propriétés antidouleur dans le traitement des névralgies causées par un zona que les médecins hospitaliers devraient aussi l’utiliser.
Le virus du zona se manifeste par des éruptions cutanées douloureuses le long d’un nerf ou d’un ganglion nerveux. Elles surviennent après la réactivation du virus qui cause la varicelle, le virus varicelle zona (VVZ).
Dans la plupart des cas, l’éruption cutanée et les douleurs qui l’accompagnent durent de deux à quatre semaines, mais environ une personne sur cinq développe une névralgie post-herpétique. Ainsi, la douleur causée par le zona persiste parfois pendant des mois ou même des années après la guérison de l’éruption.
Le Botox plus efficace que la lidocaïne pour soigner la douleur
En cas de névralgie causée par un zona, les patients ressentent d’intenses douleurs, comparables à celles d’une sciatique. Les personnes atteintes de névralgies post-zona parlent de sensations de brûlures ou de coups de couteau, et ressentent comme «des décharges électriques». Le froid, la chaleur ou même le frottement d’un vêtement contre la peau peuvent causer des douleurs insupportables, et dans certains cas permanentes.
Traditionnellement utilisée comme antidouleur, la lidocaïne, l’anesthésique local le plus utilisé dans le monde, s’est révélée dans certains cas de névralgies post-zona moins efficace que le Botox.
Des neurologues du Mount Sinai Medical Center à New York ont démontré l’efficacité du Botox dans le traitement des douleurs causées par le zona. Selon leurs recherches, la toxine bloque la délivrance de substances chimiques responsables de la transmission de la douleur.
Des premiers tests efficaces
L’école de médecine de Guangdong, en Chine, a mené une expérience sur soixante patients atteints de névralgies post-zona, qui se sont vus administrer soit du Botox, soit de la lidocaïne, soit un placebo. Au bout de quelques jours, l’étude a révélé que les patients traités au Botox souffraient moins que les deux autres groupes de patients.
Autre avantage du traitement au Botox, «son efficacité à long terme s’accompagne de moins d’effets secondaires indésirables» que les autres antidouleurs, selon les chercheurs.
Pour le Dr Nicholas Silver, neurologue consultant au Walton Centre à Liverpool, au Royaume-Uni, «ces études sont très prometteuses».
Toutefois, le recours à la toxine botulique doit être scrupuleusement encadré par un médecin. Mal administré, le Botox peut avoir des effets secondaires graves, allant jusqu'à la paralysie.