SEXUALITELe «point du mari» est-il un mythe?

Le «point du mari» est-il un mythe?

SEXUALITEAprès un accouchement, les femmes auraient la possibilité de passer par la chirurgie pour donner plus de plaisir à leur compagnon...
Romain Scotto

Romain Scotto

«Je vous fais un petit point du mari, madame? Pour vous, ça ne change rien, mais votre mari sera content.» Voilà ce que proposeraient certains médecins aux femmes juste après leur accouchement selon Agnès Ledig, une ancienne sage-femme désormais écrivain. Dans un texte publié sur le blog d’Isabelle Alonso, ancienne membre des Chiennes de Garde, elle s’insurge contre cette pratique comparée à une «mutilation sexuelle». En clair, il s’agirait d’un point de suture destiné à resserrer un peu plus le vagin d’une patiente, afin d’améliorer les sensations futures du compagnon lors du coït.

«C’est complètement farfelu»

«Non, non, ce n‘est pas simplement une réparation, puisque ce point vient en plus des autres qui étaient nécessaires. Il vient resserrer une entrée normale pour qu‘elle soit plus étroite», écrit la sage-femme. Des propos qui interpellent les médecins, éberlués par ces accusations. Pour le docteur Michaël Dahan, médecin obstétricien, la sage-femme «délire» dans son post. «Elle a dû sauter sur une plaisanterie pour écrire cela. C’est impossible.» Même réaction de stupeur pour le docteur Denis Danan, également obstétricien, pour qui cette professionnelle de santé n’a «rien compris à l’anatomie. C’est complètement farfelu.»

Uniquement sous anesthésie générale

Il existe bien des techniques pour resserrer le vagin, mais l’opération, très lourde ne se traduit pas par la pose d’un petit point de suture supplémentaire. «Faire cela ne servirait à rien. Ça resserrerait le vagin sur 3mm, et ça n’apporterait pas grand-chose ni à Madame, ni à Monsieur.» Sauf problème chirurgical, la périnéorraphie, du nom de l’opération effectuée pour resserrer les muscles du vagin, est une réparation beaucoup plus lourde. Elle se pratique uniquement sous anesthésie générale chez les patientes dites «béantes», généralement ménopausées et après plusieurs accouchements.

«On n'impose rien à personne»

Autre précision, celle-ci s’effectue toujours à la demande de la femme, lucide lors de l'échange. «C’est une intervention qu’on fait complètement à froid, quand les choses sont revenues dans l’ordre» poursuit Dahan, horrifié par le scénario évoqué par la sage-femme. Selon elle, les jeunes mamans seraient interrogées juste après l’accouchement. Sans prendre réellement la mesure de l’acte de chirurgie pratiqué. «Tout ceci se fait dans l‘intérêt de l‘homme en oubliant la femme. Pire, en risquant de la condamner à une sexualité où le plaisir a laissé la place à la douleur», écrit la sage-femme militante.

Les médecins assurent qu’il ne leur viendrait pas à l’idée de prendre la patiente de court. «On n’impose rien à personne, poursuit Dahan. Surtout aujourd’hui, où il faut le consentement éclairé des patientes pour opérer.» A moins d’avoir affaire à des «médecins déjantés», il n’y a aucune raison de donner du corps à cette idée.

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