Mère après 40 ans, un défi scientifique

Mère après 40 ans, un défi scientifique

Reproduction Les gynécologues et obstétriciens sont favorables à l'autoconservation d'ovocytes
Faustine Vincent

Faustine Vincent


«On en a assez de voir des patientes de plus de 40 ans qui désirent un enfant et découvrent, en larmes, que c'est trop tard.» Selon Joëlle Belaïsch-Allart, vice-présidente du Collège national des gynécologues et obstétriciens français (CNGOF), «les couples croient que la procréation médicale assistée (PMA) pourra compenser la baisse de la fertilité due à l'âge. C'est faux. A 42 ans, une fécondation in vitro ne réussit que dans 6 % des cas.» La solution, selon elle, serait «l'autoconservation des ovocytes [la congélation de ses propres ovocytes] quand la femme est encore fertile. C'est la seule méthode, avec le don d'ovocytes, pour traiter efficacement l'infertilité après 40 ans.» En décembre, le CNGOF s'est prononcé pour la première fois en faveur de cette méthode, autorisée actuellement pour raison médicale, mais aussi dans le cadre du don d'ovocytes.



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Joëlle Belaïsch-Allart prévient toutefois que, «dans le meilleur des cas, le taux de naissance est de 62 %» avec ce procédé, et qu'un âge limite doit être fixé pour pouvoir y recourir. L'autoconservation d'ovocytes, autorisée aux Etats-Unis, en Grande-Bretagne, en Italie et en Espagne, fait débat en France. Interrogé, le Comité consultatif national d'éthique dit «réfléchir à la question, qui soulève de nombreux problèmes éthiques». Un groupe de travail a été lancé pour émettre un avis. La Fédération des Cecos (Centres d'étude et de conservation des œufs et du sperme humains) rendra elle aussi un avis d'ici peu. Son président, le professeur Louis Bujan, ne cache pas son scepticisme : «Cela engendrerait des coûts énormes [un prélèvement d'ovocytes coûte 3 000 à 4000 €, plus 100 à 200 € par an de conservation]. C'est discutable, car une grossesse après 45 ans est risquée. Et je me demande si conserver ses ovocytes pour permettre aux femmes de faire carrière est un bon message. Ne vaut-il pas mieux faire plus de crèches et les aider afin qu'elles puissent travailler en ayant des enfants plus jeunes ?» En attendant, l'âge de l'arrivée du premier enfant continue d'augmenter : il est de 28, 1 ans, selon l'Insee. ■