Un poison nommé radon
Santé Ce gaz naturel tue chaque année 200 personnes dans la régionJérôme Gicquel
Inodore et incolore, le radon fait pourtant beaucoup parler de lui en Bretagne. Selon l'Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN), ce gaz radioactif d'origine naturelle serait responsable d'environ 200 décès par cancer du poumon chaque année dans la région, soit plus que le nombre de tués sur les routes. Un vrai fléau pour la Bretagne, l'une des régions les plus touchées au niveau national avec l'Auvergne et la Corse. « Cela s'explique par la nature des sols. Le radon émane de l'uranium, et le granit, très présent en Bretagne, a une forte teneur en uranium », explique Roselyne Améon. Expert à l'IRSN, elle participait mardi à Rennes à un colloque organisé par l'Agence régionale de santé pour mettre en oeuvre des actions de prévention du risque.
Une sensibilisation difficile
Les actions de sensibilisation auprès du grand public ne datent pas d'hier. « Le message a du mal à passer, car pour les gens, le cancer du poumon est essentiellement lié au tabac. Le fait que ce soit un gaz naturel n'inquiète pas outre mesure » , souligne Béatrice Gautier-Grall, chargée du dossier à l'ARS Bretagne. Quelques gestes simples suffisent pourtant à limiter les risques comme aérer et ventiler régulièrement son logement. A Concarneau dans le Finistère, une expérimentation est actuellement menée avec la distribution de dosimètres pour mesurer la concentration en radon dans son logement. C'est en effet dans les bâtiments fermés que le risque est le plus élevé, le radon se diluant à l'air libre. D'où la nécessité d'informer les professionnels du bâtiment sur les risques encourus et sur les travaux à mener pour y remédier, notamment la ventilation mécanique des habitats. La solution pourrait également venir d'un décret ministériel portant sur l'environnement de l'habitat qui est actuellement en cours d'élaboration.