Rennes : L’opération place nette dans le quartier du Blosne « ne sera pas un one shot »
Stupéfiants•En trois semaines, 141 personnes soupçonnées d’être impliquées dans le trafic de stupéfiants ont été interpelléesCamille Allain
C’était le temps du bilan et des grands mots. Ce mardi, le préfet d’Ille-et-Vilaine Philippe Gustin a fait les comptes de l’opération « place nette » initiée au Blosne entre le 12 avril et le 3 mai. Pendant trois semaines, l’équivalent de 2.000 effectifs de police a été déployé pour tenter d’enrayer le trafic de stupéfiants qui gangrène ce quartier populaire du sud de Rennes. Bilan : 141 interpellations, près de 50.000 euros de cash saisis et de la drogue en pagaille.
Au total, les forces de l’ordre ont mis la main sur 19 kg de cannabis, 1,6 kg d’héroïne, un peu plus de 100 grammes de cocaïne mais aussi du crack, d’ecstasy. « Une véritable entreprise de la drogue, où chacun a son poste, sa mission », a fait savoir le préfet Philippe Gustin.
« La police continue d’être présente »
D’importantes opérations de nettoyage ont également été menées pour débarrasser les rues de 3,5 tonnes d’encombrants et de quelques voitures ventouses qui servaient de planque. Après les violents règlements de compte à coups d’armes automatiques qui avaient secoué le quartier et la place de Banat, le calme semble revenu au Blosne.
Dérangés dans leur quotidien, les dealers n’ont pas pour autant disparu, seulement migré. « Ce n’est pas terminé. Cette opération ne sera pas un one shot. La police continue d’être présente dans ce quartier », a assuré le préfet. À ceux qui craignent de voir tous les policiers et gendarmes quitter Rennes pour rejoindre Paris et sécuriser les Jeux olympiques cet été, Philippe Gustin dément fermement, tout en reconnaissant que Rennes a « un déficit » d’effectifs de forces de l’ordre.
La responsabilité des consommateurs
Avant de connaître l’ampleur de l’impact de cette opération place nette dans la durée, il faudra attendre la fin des enquêtes judiciaires. Sur les 141 personnes interpellées par les policiers, 64 avaient été placées en garde à vue, dont la moitié pour s’expliquer sur leur rôle dans le trafic de stupéfiants, précise le procureur Philippe Astruc. Treize personnes ont été déférées et sept d’entre elles ont été incarcérées en attendant leur procès.
Les perquisitions menées dans le cadre de l’enquête sur le trafic du point de deal de Banat, « le plus lucratif de Rennes » selon le patron des policiers locaux, ont également permis de mettre la main sur une petite dizaine d’armes dont un fusil semi-automatique et un pistolet semi-automatique. « Il y a eu des bonnes prises mais notre travail ne s’arrête pas là », assure le préfet, avant de rappeler encore et encore la responsabilité des consommateurs. « Celui qui fume un joint, il a du sang sur les mains », a-t-il répété, reprenant la rhétorique de son ministre Gérald Darmanin.
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