Rennes : On sait enfin à quoi ressemble Jennifer, la pièce mystère qui met le métro à l’arrêt
Démasquée !•Présentant un état d’usure anormal, la pièce que personne ne voulait nommer doit être changée 100 foisCamille Allain
L'essentiel
- A l’arrêt depuis le 3 janvier, la ligne B du métro de Rennes ne pourra pas redémarrer tant qu’une pièce n’aura pas été changée.
- Jamais nommée par l’industriel Siemens Mobility, cette pièce de métal faisant le lien entre le chariot et les rames s’userait prématurément.
- Il faudra au moins trois mois aux équipes pour démonter les bogies, changer les 100 Jennifer pièces mystère et les remonter.
Elle avait un nom. Jennifer aura désormais un visage. Sur cette photo partagée par la métropole rennaise, on peut voir à quoi ressemble la pièce qu’il va falloir changer 100 fois pour faire redémarrer l’engin. Le 3 janvier, la petite Jennifer s’était mise à chauffer et avait fini par casser, occasionnant un arrêt d’urgence de la rame numéro 56 de la ligne B. Depuis, la mystérieuse pièce que personne ne veut nommer (c’est pour cela que 20 Minutes s’est dévoué) fait office de principale suspecte de la panne qui frappe la nouvelle ligne de métro de Rennes.
Inaugurée en septembre 2022, la deuxième ligne avait été le théâtre d’un incendie en novembre, qui avait entraîné un mois d’arrêt. Après quelques petites semaines de reprise, le trafic s’était soudainement arrêté le 3 janvier suite à un nouveau freinage d’urgence. Une procédure normale de mise en sécurité de la rame en raison d’un défaut. Mais lequel ? Assaillie de questions, la société Siemens Mobility avait fini par reconnaître qu’une pièce de métal « grosse comme une main » affichait une usure anormale et qu’elle allait toutes les changer « par précaution ». Entamé dans les ateliers d’un sous-traitant à Limoges (Vienne), le remplacement des 100 Jennifer (il y en a quatre sur chacune des 25 rames) prendra plusieurs semaines et occasionne une fermeture prolongée de la ligne B d’au moins trois mois.
Vendredi, la photo du premier chariot réparé avait été glissée en pièce jointe d’un mail envoyé à toutes les rédactions de presse locale. Sur l’image, on pouvait voir la carcasse d’un bogie en métal en cours de rénovation, sans qu’il ne soit fait mention de « Jen ». Elle était pourtant là, sous nos yeux.
Un « desserrage de l’écrou de pivot »
Située sur le dessus du chariot, cette pièce fait le lien entre le bogie (le chariot) et la rame du métro. Soumise aux chocs et aux vibrations, elle a semblé donner des signes de fatigue après 200.000 kilomètres parcourus. Dans un rapport publié en janvier, la préfecture évoquait la nécessité de trouver une solution permettant « de garantir le non-desserrage de l’écrou de pivot des rames ». L’administration estimait que des investigations devaient être menées notamment sur les « fixations des pivots de guidage des essieux ».
Si les techniciens de Siemens, de Keolis et les agents de la métropole ne sont pas hyper bavards sur cette étrange panne, on peut désormais se satisfaire de savoir à quoi ressemble la fameuse pièce qui n’avait pas de nom.
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