Une maison imaginée par ses habitants, pour ses habitants. Pas encore inauguré, le nouveau bâtiment « Polyblosne » installé au cœur du Blosne suscite l’intérêt de bon nombre d’associations de ce quartier populaire de Rennes. Longtemps assimilée au seul l’habitat social, la « ZUP Sud » souffre aujourd’hui d’une certaine vétusté. S’il est le quartier le moins dense de la capitale bretonne, le Blosne demeure le théâtre d’une concentration de pauvreté et fait face aux problématiques classiques des banlieues, notamment en matière de trafic de drogue et de difficultés d’accès à l’emploi. Engagée dans un grand plan de transformation du quartier doté d’une enveloppe de 250 millions d’euros, la ville de Rennes a voulu offrir au Blosne une « place centrale » qui lui faisait défaut. Après avoir livré un conservatoire et un bâtiment dédié à l’économie sociale et solidaire flambant neufs, elle s’apprête à ouvrir un nouvel ouvrage d’ampleur destiné à être partagé entre les nombreuses associations du quartier.

Dans les rêves les plus fous des élus de la ville, ce « Polyblosne » deviendrait un lieu où se mélangeraient tous les habitants investis de près ou de loin dans le milieu associatif. Une sorte de QG du vivre-ensemble qui accueillerait à la fois les jeunes souhaitant rapper et les anciens qui veulent se retrouver pour jouer ou même dîner. « C’est un équipement de proximité qui doit être partagé. Notre vœu, ce serait qu’il insuffle une dynamique associative, qu’il incite les gens à se regrouper », explique Paul Ondongo. L’homme connaît parfaitement le quartier pour s’y investir comme bénévole depuis trente ans au sein de la Maison des squares. C’est elle à qui la ville de Rennes a confié la gestion du nouveau bâtiment dont la majeure partie des espaces sera partagée.

« Ce bâtiment va créer un pôle central »

Depuis des décennies, cette association d’éducation populaire fait de son mieux pour capter l’attention des nombreux jeunes du quartier et éviter qu’ils ne dévissent. Voilà quinze ans qu’elle réclamait un lieu plus grand et plus visible pour mieux rayonner. « Il y a plein de structures qui existent dans le quartier mais ce n’est pas toujours assez visible. Ce bâtiment va créer un pôle central. Il est très beau, tout neuf donc il va attirer les gens. Tout le monde ici a envie de se retrouver mais il n’y avait pas forcément les espaces pour », espère Paul Ondongo, à la tête d’une association faisant travailler 15 personnes et 30 bénévoles.

En plus d’offrir des salles d’activités et de réunions, le nouveau bâtiment abritera un espace petite enfance, un espace jeunes, un accueil de loisirs, un espace numérique mais aussi l’association culturelle branchée rap Dooinit et l’association marocaine Ar Maure. « Nous voulons parier sur la capacité d’un quartier à inventer son vivre-ensemble », espère Rozenn Andro, adjointe à la vie associative à la ville de Rennes. A ses côtés, la maire Nathalie Appéré souhaite quant à elle « redonner une centralité au quartier » dans le but de le rendre plus attractif. Cela passera aussi par la probable disparition de petits centres commerciaux comme le Landrel, Sainte-Elisabeth ou Torigné. « Ils avaient du mal à vivre », justifie la socialiste.