Rennes : « Je pensais que je ne servirais à rien »… C’est quoi cette charte de la citoyenneté ?
Participatif•La métropole rennaise a tiré au sort 86 habitants de la métropole pour mettre au point un texte citoyenCamille Allain
L'essentiel
- Rennes Métropole a tiré au sort 86 habitants au hasard pour mettre au point une charte de la citoyenneté.
- Adopté en décembre, le texte vise à mieux concerter la population dans l’élaboration des politiques publiques.
- Un droit d’interpellation permettra à toutes les personnes recueillant 1.000 signatures de porter leur question à la métropole.
Elle assure qu’elle est « la première » métropole française à adopter un tel texte. A bien y regarder, Lille et Toulouse ont déjà fait la même chose, mais qu’importe. En fin d’année, les élus de Rennes Métropole ont voté en faveur de l’adoption d’une première « charte métropolitaine de la participation citoyenne ». Ce document a la particularité d’avoir été conçu par un jury citoyen tiré au sort. Pendant plusieurs mois, 86 habitants choisis au hasard ont entamé un travail de réflexion autour du rôle de la collectivité. Un moyen d’impliquer la population à une époque où l’abstention progresse au même rythme que la défiance envers les institutions. A quoi servira cette charte ? 20 Minutes a posé la question à ses signataires.
« Quand j’ai reçu le courrier, je me demandais ce que c’était. J’avais l’impression de ne pas avoir ma place. Je pensais même que je ne servirais à rien. Je suis arrivée là par hasard ». Roseline habite Langan, l’une des dernières communes à avoir intégré la métropole. Situé à vingt minutes au nord de Rennes, le petit bourg rural a parfois du mal à se sentir concerné par les grandes politiques menées par la métropole pour l’ensemble de 43 communes.
« Lors du premier atelier, ça a râlé. Tout le monde avait l’impression qu’on nous imposait les choses, qu’on ne nous écoutait pas. Et à la fin du week-end, tout le monde avait l’impression d’avoir participé », ajoute la membre du jury citoyen. Avec elle, 85 autres habitants ont débattu pendant quatre rencontres pour accoucher d’un long document truffé de bonnes intentions.
Le texte adopté, la question est désormais de savoir à quoi il servira. « La démarche est guidée par l’envie de prendre en compte la parole citoyenne. Ce n’est pas une assemblée amenée à s’exprimer pour ou contre tel ou tel projet. C’est plutôt un moyen de s’assurer que nous avons été au bout de la concertation, que chacun a pu être entendu », explique Nathalie Appéré (PS) présidente de la métropole depuis 2020. Il est fréquent d’entendre les habitants se plaindre de « découvrir » un projet immobilier sous leur fenêtre quand le permis de construire est déjà établi. C’est pour répondre à cette volonté de transparence, d’inclusion et d’esprit collectif que le texte a été établi.
« J’attends de voir à quoi elle servira »
Concrètement, la nouvelle charte offrira par exemple un droit d’interpellation dès qu’une pétition recueillera 1.000 signatures émanant d’au moins trois communes. Un budget participatif devrait également être créé mais il sera fléché en direction des enjeux climatiques. Les élus s’engagent également à concerter davantage les habitants dans la conception de leur politique. Un exemple ? L’obligation imposée aux constructeurs immobiliers d’offrir un balcon ou une terrasse à tous les appartements construits dans la métropole émane d’une demande populaire.
Reste désormais à savoir comment se traduira le texte dans la politique métropolitaine. Faut-il craindre que ce texte soit une nouvelle brique dans le mur administratif français ? « J’étais portée par la démarche et ça m’a ouvert l’esprit. Mais j’attends de voir à quoi elle servira. On attend du concret », prévient Roseline.
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