Rennes : « Il nous faudra vingt ans »… Le sauvetage du centre ancien est loin d’être terminé
Sauvegarde•Le conseil municipal a voté en faveur d’un troisième plan pour rénover les immeubles à pan de bois du centre historique
Camille Allain
L'essentiel
- Un important plan de sauvegarde du centre historique de Rennes a été engagé en 2010 après un rapport alarmant qui faisait état de 600 bâtiments très dégradés.
- La phase 3 du plan a été votée lundi soir en conseil municipal pour rénover 100 immeubles historiques.
- En dix ans, la ville a déjà rénové plus de 240 immeubles parmi les plus dégradés, faisant s’éloigner la crainte de catastrophe.
Quand on se promène dans les rues pavées du centre historique de Rennes, on est loin d’imaginer que les charmants immeubles à pan de bois sont dans un tel état. Il suffit parfois de pousser la porte pour comprendre l’ampleur du délabrement de certains bâtiments. Au 11 place des Lices, cela fait plus de cinq ans que l’immeuble est vide. Comme dans une grande partie du centre ancien, c’est la structure même de ce bâtiment datant du XVIIe siècle qui a été grandement fragilisée. « Quand on enlève les cloisons, on voit souvent que les gens ont bricolé au fil du temps. Dans les murs en bois, on trouve de la brique, du béton. Sur les sols, on a parfois découvert 60 centimètres de couches de béton et de planchers superposés… Ce sont ces modifications qui ont fragilisé l’enveloppe », explique Mélanie Barchino.
La jeune femme pilote la rénovation du centre ancien pour le compte de Territoires. Depuis plus de dix ans, l’aménageur public coordonne ce chantier XXL qui visait à sauver le patrimoine bâti de la capitale bretonne. En 2008, un rapport avait posé un diagnostic alarmant, évaluant à 300 le nombre d’immeubles « très dégradés », quand 300 autres étaient jugés « dégradés ». Depuis 2010 et le vote d’un premier plan de sauvegarde, ce sont 243 immeubles parmi les plus fragiles qui ont pu être entièrement rénovés, soit plus de 2.000 logements et 200 commerces. « Ce sont des travaux très longs, qui durent en moyenne sept ans et qui peuvent être coûteux pour les propriétaires. Sans les aides publiques, rien de ce qui a été fait n’aurait été possible », assure Didier Le Bougeant, adjoint de la maire Nathalie Appéré. En onze ans, 63 millions d’euros de subventions de la métropole et de l’Agence nationale de l’habitat (ANAH) ont été mobilisés.
« Il nous faudra vingt ans pour terminer ce chantier »
C’est pour poursuivre cet immense chantier que la ville a voté lundi soir la phase 3 de son plan de sauvegarde, qui devrait permettre de rénover 100 immeubles de plus d’ici 2030. « Il nous faudra vingt ans pour terminer ce chantier », prévient Didier Le Bougeant. L’élu socialiste n’est pas peu fier de recevoir régulièrement les sollicitations d’autres métropoles souhaitant s’inspirer de Rennes pour traiter leur patrimoine historique. Car l’absence de travaux contribue parfois à des drames.
A Marseille ou à Lille, des immeubles entiers se sont effondrés ces dernières années, faisant des morts. « On n’est jamais à l’abri d’une défaillance d’un immeuble. Mais j’ai la sensation qu’on a tout fait pour l’éviter », assure l’élu. Avant d’entamer son immense plan de rénovation, la ville a mené un diagnostic précis des fragilités de chacun des immeubles de son centre ancien. « Les pompiers savent où ils peuvent intervenir et comment. Ils savent quelles défaillances présente chaque bâtiment ».
Il y a un indicateur qui permet facilement de juger de l’amélioration de la situation. En dix ans, le nombre d’arrêtés de péril a chuté à Rennes, pour devenir très marginal. « On en fait beaucoup moins, même s’il nous arrive toujours de faire face à des désordres. On rencontre encore des habitats insalubres », reconnaît Mélanie Barchino. Mais Rennes est sur le bon chemin pour sauver son centre ancien.