Rennes : Ce nouveau master unique en France jongle entre sport et technologie
UNIVERSITÉ•Cinq disciplines ont été mélangées pour la création du cursus Digisport au sein de l’université Rennes 2
Camille Allain
L'essentiel
- Le campus Villejean de l’université Rennes 2 accueillera en septembre sa première promotion de master 1 du cursus Digisport.
- Monté il y a deux ans, ce département mélange cinq disciplines allant du sport à l’informatique en passant par les sciences humaines et sociales.
- Un laboratoire bardé de nouvelles technologies et destiné aux étudiants vient d’être inauguré.
Jamais on n’imaginerait qu’un tel laboratoire puisse se cacher derrière ces murs un peu défraîchis. C’est pourtant ici, dans le bâtiment M du campus de Villejean qu’un cursus unique en France va bientôt voir le jour. Hébergé par l’université Rennes 2, ce master baptisé « Digisport » a la particularité de mélanger cinq filières et vient juste d'être agréé par le ministère de l’Enseignement supérieur, peu habitué à ces pratiques transversales. Ici, les étudiants viennent de Staps, de sciences humaines et sociales, d’informatique, d’électronique et des sciences des données. A la rentrée de septembre, ils seront 30 à occuper les bancs de cette première promotion hybride.
Cette « EUR », pour « école universitaire de recherche », s’inspire du modèle anglo-saxon des graduate schools réservés aux masters et doctorants. Preuve de son attractivité, le master mention Sciences du numérique et sport a su séduire des étudiants de la France entière qui constitueront bientôt la première promo. « Ici, on peut presque dire que l’on prépare à des métiers qui n’existent pas », explique Emmanuel Abrivard, qui gère la communication de Digisport. La formule prête à sourire dans une université de sciences sociales comme Rennes 2 que l’on a parfois raillée pour son manque de débouchés. Mais elle est tout à fait sérieuse. Les étudiants y viendront se frotter à des disciplines transversales mêlant le sport à la science.
S’ils peuvent se destiner à la recherche, les futurs diplômés pourront aussi toquer à la porte des clubs de sport professionnels et des grandes marques de sportswear souhaitant adapter leur matériel à l’exercice physique. « Les technologies existent et tous les clubs de football en ont, mais ils n’ont personne pour les analyser », poursuit Emmanuel Abrivard. Un exemple : le « data analyste », capable de traduire les chiffres des ordinateurs, est devenu un membre à part entière des staffs pros.
« Nos étudiants sont trop peu formés aux réalités du terrain »
Pour permettre à ses étudiants et doctorants de mener des travaux pratiques, le département s’est doté d’un laboratoire bardé de technologie. A l’image de ce qui se fait sur le laboratoire M2S à Ker Lann, des tests grandeur nature pourront être menés par les étudiants de Digisport. Des simulations de vélo, de course, de frappe, ou de service au tennis par exemple. « Nos étudiants sont trop peu formés aux réalités du terrain. Ici, ils peuvent bénéficier de capteurs de mouvements, de la réalité virtuelle, de caméras, de systèmes de mesures des fréquences cardiaques ou d’échanges gazeux. On voulait accentuer la pratique », explique Benoît Bideau, le directeur de Digisport.
Financé par l’université Rennes 2, par la métropole rennaise et la région Bretagne, le laboratoire est venu remplacer un ancien studio d’enregistrement qui n’était plus utilisé. Demain, il permettra sans doute à des sportifs de haut niveau de mieux comprendre leurs données de performances. Et peut-être à des étudiants de mettre au point de nouveaux capteurs de mouvements sans aucun marqueur corporel. Un travail à mi-chemin entre l’informatique, l’électronique, la data et le sport. On comprend mieux l’intérêt de mélanger les compétences.