Rennes : Mis en examen pour viols, l'ex-directeur de Staps interdit d’accès aux locaux de l’université Rennes 2
ENQUETE•L’enseignant avait vu la justice l’autoriser à exercer lors d’une audience début juin, ce qui a créé une vive émotion au sein de l’université Rennes-2Camille Allain
L'essentiel
- A l’université Rennes 2, l’ancien directeur de Staps, mis en examen pour viols, a reçu l’autorisation de la justice de retourner enseigner.
- La nouvelle a provoqué l’émoi des plaignantes et des personnels du département, qui en ont fait part à la direction de l’université.
- L’université vient d’annoncer que l’enseignant faisait l’objet d’une interdiction d’accès provisoire au campus.
L’affaire est prise très au sérieux par la direction de l’université Rennes 2. Mais la complexité et la gravité des faits qui sont reprochés à l’ancien directeur de Staps l’obligent à se montrer très prudente. L’université pouvait-elle réintégrer son enseignant alors que ce dernier est mis en examen dans le cadre de trois affaires de viols sur des membres de l'université ? La justice française a estimé que oui. Lors d’une audience de la chambre de l’instruction qui s’est déroulée début juin, l’ancien directeur de l’UFR a obtenu gain de cause, comme l’a rapporté Le Télégramme vendredi 17 juin. Ce lundi, la direction de la fac rennaise a fait savoir que l’enseignant visé par les plaintes faisait l’objet « d’une interdiction d’accès provisoire au campus ». D’après les informations recueillies par 20 Minutes, un arrêté a été pris en ce sens la semaine dernière. Un soulagement pour les victimes mais aussi pour l’ensemble du département Sciences et techniques des activités physiques et sportives.
L’annonce de la décision de justice avait provoqué un fort émoi dans les rangs des personnels de l’UFR, qui avaient été nombreux à s’en indigner auprès de leur direction. « Il y a eu une forme de stupéfaction, d’incompréhension parce que personne ne s’attendait à ça », témoigne un enseignant auprès de 20 Minutes. Suspendu depuis sa mise en examen en 2017, l’ancien directeur de Staps n’a toujours pas été jugé, et continue de clamer son innocence. Depuis sa mise en cause, il a toujours cherché à réintégrer l’université, ce qu’on lui a pour l’heure toujours refusé. « Il voulait revenir comme si de rien n’était. Mais les trois plaignantes sont toujours dans nos murs et l’université a l’obligation de protéger son personnel. Ce n’est pas aux plaignantes de s’adapter. Imaginez s’il venait à croiser l’une d’entre elles », poursuit le professeur. « Cela me donne l’impression d’une justice qui se protège davantage qu’elle ne protège les victimes présumées. Ce n’est pas sans susciter des incompréhensions et des inquiétudes pour elles », estime un autre enseignant du département.
Une plainte d'une étudiante déposée en 2017
L’affaire avait éclaté en 2017, quand une doctorante de 24 ans avait porté plainte pour harcèlement, agression sexuelle, et viol, contre son directeur de thèse. Présumé innocent, l’enseignant de 52 ans a toujours clamé que la relation était consentie. Deux autres plaintes, formulées par deux enseignantes de l’UFR, sont venues s’ajouter à la première. L’université rappelle avoir saisi sa section disciplinaire, dépaysée dans un autre établissement, mais qui attendra « l’issue de l’enquête pénale avant de statuer ».
Cette interdiction d’accès au campus est brandie comme une mesure de protection que l’employeur doit à ses salariées, « afin de préserver la sécurité et la santé de ses agents », « dans le respect de la présomption d’innocence », précise la direction de l’université. Le CHSCT s’était réuni en session extraordinaire et avait alerté la présidence. Si l’enseignant mis en cause avait reçu le droit de réintégrer l’université, il lui était toujours interdit d’entrer en contact avec les plaignantes. « Pour elles, c’est traumatisant. Elles l’ont mal vécu », assure cet enseignant.