Rennes : Le déménagement de la caserne Saint-Georges va-t-il rallonger l’arrivée des pompiers ?
SECOURS•Lors du défilé organisé ce jeudi à l’occasion du départ de la caserne historique du centre-ville de Rennes, les pompiers ont interpellé leur hiérarchieCamille Allain
L'essentiel
- A Rennes, la caserne historique du centre-ville a fermé ses portes ce jeudi pour déménager vers un site un peu plus éloigné.
- Les pompiers de terrain s’inquiètent alors du temps qu’il leur faudra pour intervenir en centre-ville.
- Les secours pourront emprunter une voie de bus afin d’être prioritaires, mais les pompiers s’inquiètent du trafic important présent sur cet axe est-ouest.
«On ne voulait absolument pas gâcher la fête. Cette fête, on va la faire. Mais on avait des interrogations que l’on voulait partager ». Alors que le défilé des pompiers de Rennes venait de démarrer, l’ensemble du personnel de la caserne Saint-Georges a bloqué le convoi fêtant le déménagement du lieu. Installés dans des bâtiments historiques depuis 1926, les pompiers attendent depuis des années que le nouveau centre de secours de Moulin-de-Joué soit opérationnel. L’est-il en ce jour de déménagement ? Les hommes et femmes de terrain en doutent. « Il y a toujours des entreprises qui interviennent sur place alors que des agents vont y travailler 24 h/24. On ne comprend pas l’urgence qu’il y avait à déménager, on trouve ça un peu prématuré. On aurait pu attendre septembre », explique le sergent-chef Devrig Guiho, pompier à Saint-Georges depuis dix-huit ans.
Parmi les revendications des personnels, figurent aussi des inquiétudes quant au temps de trajet qu’il leur faudra désormais pour intervenir dans le centre-ville. Sur ce point, la hiérarchie est claire. « Concrètement, ça ne change rien. Il n’y a pas ou presque pas d’incidence sur le temps d’intervention en centre-ville », assure le colonel Daoudal. Les véhicules de secours et d’incendie pourront emprunter les voies dédiées aux bus, et donc arriver très vite dans le centre historique. « Les deux minutes de plus dans le camion, on les utilisera pour réfléchir à comment positionner nos engins », assure le colonel.
Un constat que ne partagent pas forcément les soldats du feu. « On n’a pas encore eu l’occasion de partir en intervention. Mais on sait que la voie bus en journée, elle est excessivement prise par les bus, les taxis, les ambulanciers. C’est une artère très circulante, avec des gens qui la traversent comme ils traverseraient une rue piétonne. On a plutôt intérêt à être très très vigilant si on emprunte cette voie-là. La nuit, si on ne l’est pas, on pourra avoir des gens qui traversent », explique Patrice Floc’h, en poste depuis dix-huit ans lui aussi à Saint-Georges.
Déjà un accident mortel avec la police
En 2020, une jeune femme était décédée et un jeune homme avait été blessé sur cet axe, percutés par un véhicule de police qui partait en intervention. Les deux victimes avaient traversé sur un passage protégé installé sur les voies de transport en commun, mais étaient vraisemblablement masquées par un bus à l’arrêt.
Ce jeudi, au moment de défiler dans les rues de Rennes, beaucoup d’hommes et de femmes ont éprouvé une forme de nostalgie en voyant un chapitre de l’Histoire de la ville se refermer. En passant devant le parlement de Bretagne, bon nombre d’entre eux ont repensé au violent incendie de 1994 qui avait embrasé toute la toiture du bâtiment aujourd’hui reconstruit. Quant à la caserne libérée, elle sera progressivement transformée en maison du citoyen et hébergera de nombreux services municipaux.