Rennes : Les pompiers font leurs cartons et disent au revoir à Saint-Georges et au centre-ville
FIN D’EPOQUE•Implantée depuis cent ans dans le centre historique de Rennes, la caserne Saint-Georges déménage ce jeudi pour s’installer sur le nouveau site de Moulin de Joué
Camille Allain
L'essentiel
- A Rennes, la caserne des pompiers de Saint-Georges va déménager ce jeudi pour rejoindre le nouveau site de Moulin-de-Joué.
- Les secours assurent que ce déménagement ne va « rien changer » aux interventions des secours dans le centre-ville de Rennes.
- Un défilé est prévu ce jeudi matin dans le centre historique pour dire « au revoir » aux Rennais.
Dans le vestiaire, la plupart des étagères ont déjà été vidées. Seules quelques tenues sont encore accrochées aux cintres, pour les équipes qui seront de garde la dernière nuit. Le cirage pour les chaussures est ouvert et les nombreux autocollants de la CGT sont restés collés. Sur une table, un renard empaillé baptisé Gérard est encore là. Pour le reste, les locaux de la caserne Saint-Georges sont déjà bien vides. Plutôt normal. Car ce jeudi, le centre de secours historique du centre-ville de Rennes doit déménager. Oh, il n’ira pas très loin, à deux kilomètres à peine, en face de la plaine de Baud. Mais pour ceux qui y ont travaillé, dormi et même grandi, c’est la fin d’un mythe. Habitués à voir les camions rouges sortir en trombe entre la piscine Saint-Georges et le palais du même nom, les Rennais perdent aussi un repère. Ce déménagement était pourtant prévu de longue date.
Trop vieux, trop étriqué… Saint-Georges n’était plus adapté
Une longue barrière rouge et blanche qui se lève pour laisser entrer l’imposant véhicule rouge. La galère d’une manœuvre pour le garer au milieu d’une cour déjà trop chargée. Ce soir, il faudra replier ses rétroviseurs pour être sûr de le rentrer à l’intérieur d’un abri décrépi et devenu trop étroit. Cent ans après avoir accueilli ses premiers pompiers, la caserne Saint-Georges va les voir partir pour toujours ce jeudi. Envisagé depuis des années, le déménagement du centre de secours du centre-ville était à la fois redouté et attendu par les hommes et les femmes qui y travaillaient. « Tout est en simple vitrage ici. Donc l’été, on a chaud et l’hiver on a froid. Et on entend tout des soirées festives rennaises », explique le commandant Stéphane Picaut. Chef du centre depuis cinq ans, il ne regrettera pas « les sanitaires désuets » ou les manœuvres incessantes de véhicules pour tout rentrer. « Notre véhicule de lutte contre les feux de forêt dormait dehors. C’était devenu impossible ».
Son colonel va dans le même sens. Lui est installé depuis plus de deux ans dans la nouvelle caserne de Moulin de Joué qui accueillera les 140 pompiers de Rennes Saint-Georges ce jeudi. « Quand les premiers pompiers sont arrivés, il y avait encore des chevaux et les camions étaient deux fois plus petits qu’aujourd’hui. Il y avait des familles entières qui habitaient ici, il fallait les loger », raconte Louis-Marie Daoudal. Certains hommes ont fait toute leur carrière à Saint-Georges, vivant de plein fouet les grands drames du centre-ville comme le tragique incendie du Parlement de Bretagne en 1994. « Il y aura une émotion au moment de partir. Il y a une âme ici. Il faudra recréer un esprit de corps dans un nouveau lieu », prévient le chef de centre.
Déménager une caserne de pompiers, c’est comment ?
Voilà un moment qu’ils ont fait leurs cartons. Chaque jour, ils ont rempli trois camions pour acheminer leurs archives, le mobilier et leur matériel sur le nouveau site bordé par la Vilaine. Dans les bureaux qui se vident, les boites disparaissent peu à peu, emmenés par une entreprise de déménagement. Tout l’équipement a déjà été transféré, seules les tenues des gardes de nuit sont restées. « Elles partiront avec le minimum jeudi pour un défilé dans les rues de Rennes », explique le commandant Picaut.
Une quinzaine de véhicules dont certains modèles très anciens paraderont ce jeudi matin dans le centre historique, passant aux abords de la gare, à République, à la Mairie avant un passage obligatoire devant le parlement. « On ne veut pas partir en catimini car on fait partie du décor. Ce sera comme un au revoir », poursuit le chef de centre.
Pour les secours et les incendies, ça change quoi ?
« Concrètement, ça ne change rien. Il n’y a pas ou presque pas d’incidence sur le temps d’intervention dans le centre-ville », assure le colonel Daoudal. Les véhicules de secours et d’incendie pourront emprunter les voies dédiées aux bus et donc arriver très vite dans le centre historique, si fragile en cas de feu. « Les deux minutes de plus dans le camion, on les utilisera pour réfléchir comment positionner nos engins », assure le colonel.
En déplaçant leur caserne un peu plus à l’Est, les pompiers se rapprochent aussi des nouvelles zones d’habitation comme la plaine de Baud ou ViaSilva. « Rennes a la chance d’avoir trois centres de secours. Quand on regarde la carte de la ville, on voit qu’ils sont maintenant mieux répartis », assure le chef de centre.