Une petite idée de la liberté. A Rennes, l’immense façade vitrée du 4Bis accueille depuis quelques jours une exposition photographique qui prête à rêver. Sur la quinzaine de clichés, on voit de jeunes hommes s’élancer du haut de falaises, escalader des bâtiments à mains nues, grimper sur les montants d’un immense pont ou sauter entre deux immeubles au-dessus d’un vide que l’on imagine abyssal. Très esthétiques, les images montrent surtout l’amour d’une bande de potes pour l’évasion et la hauteur. Apparu fin 2019 sur les réseaux sociaux, le Wizzy Gang s’est frayé un chemin dans la communauté du parkour en quelques courtes années pour en devenir l’un des ambassadeurs. Leur chaîne YouTube compte déjà plus de 90.000 abonnés et leur compte Instagram flirte avec les 50.000 fans.

Pour la première fois depuis sa création, le gang de Rennais expose ses clichés en dehors de la Toile. Une exposition qu’il a lui-même financée, avec un coup de pouce du Fonds rennais d’initiative jeunes (FRIJ). « On a essayé de montrer un peu tout ce qu’on faisait. Du cliff diving (plongeon), du parkour, de l’exploration urbaine. Chez nous, chacun a peu sa spécialité », explique Félix Orain. Lui est le photographe de la troupe. Il n’est pas le meilleur athlète de la bande mais adore prendre la hauteur en escaladant des bâtiments.

« Il faut bien se préparer physiquement et mentalement »

L’an dernier, il a grimpé les 137 mètres de la Marseillaise à mains nues et sans sécurité pour claquer des images hallucinantes de Marseille vue d’en haut. « La grimpe n’était pas compliquée pour nous. On n’avait aucun risque de tomber. Il fallait juste rester bien concentré. » Passionné de parkour depuis presque dix ans, le gamin de 23 ans adore explorer les hauteurs de la ville ou de la montagne. « Il faut bien se préparer physiquement et mentalement, ne plus penser. J’aime ce moment où il n’y a plus rien qui vient te perturber. C’est rare dans notre société de ne pas être distrait », raconte le Rennais.

Avec son ami Florian Fradin, il est l’un des seuls du Wizzy à être en France, faute de passeport en règle. Le reste du gang est parti à Brighton, en Angleterre, pour rencontrer la communauté parkour locale. Comme à chaque voyage, la bande de potes se filme et envoie ses exploits sur ses réseaux. « On a des gars qui sont de niveaux world class. Alors bien sûr, il y a toujours meilleurs que nous mais chez nous, chacun a sa spécialité », détaille Florian Fradin. Lui a dû s’arrêter après une rupture des ligaments croisés du genou qui a aussi sabordé ses ménisques quand il a mal réceptionné un saut pourtant tout banal. Deux ans et trois opérations plus tard, il continue de suivre ses potes aux quatre coins de l’Europe pour filmer leurs aventures. « On s’est tous rencontrés dans une asso de parkour de Rennes (Ouest Parkour) en 2015. C’est une discipline où tout le monde se filme. Pour montrer mais aussi pour se voir, pour progresser ».

« On fait ce qu’on aime, on est libre »

Après une carrière longue de 15 jours en Staps, Florian a décidé de tout plaquer pour se consacrer à 100 % au Wizzy Gang, inspiré par les exploits des Britanniques de Storror, les références mondiales du parkour. Petit à petit, toute la tribu rennaise a lâché les études ou le boulot pour vivre à fond sa passion. « Enfin, on survit quoi. On ne se verse pas de salaire, juste de quoi payer les voyages. Mais au moins, on fait ce qu’on aime, on est libre », explique le Rennais de 21 ans. Lui a découvert le parkour sur YouTube, en foulant apprendre à faire des saltos sur le trampoline installé dans le jardin de ses parents. Sept ans plus tard, il se retrouve à filmer les sauts énormes de ses potes depuis le pont du Gard ou du haut des falaises en Espagne.

Engagé, le gang se plaît aussi à grimper pour éteindre les lumières des commerces qui restent allumés la nuit, ce qui lui a valu une belle médiatisation en France et à l’étranger. Une publicité qui lui a permis de se faire connaître et de gagner en notoriété. Malgré les restrictions liées à la pandémie, la team Wizzy a pas mal voyagé en Europe à bord de son van, plantant ses tentes à l’arrache le soir, parfois même directement sur les toits qu’elle avait escaladés. L’objectif est toujours le même : explorer, grimper, sauter, escalader et s’éclater. Rêver quoi.

Exposition à voir gratuitement jusqu’au 5 juillet 4Bis.