Rennes : Épuisés par le bruit des concerts sous chapiteau, des riverains portent plainte contre le MeM
NUISANCES SONORES•Une commission de conciliation se tient ce mardi entre les habitants de la Prévalaye, la municipalité et les gérants de la guinguette et salle de concertCamille Allain
L'essentiel
- En conflit depuis des mois, des riverains de la Prévalaye, à Rennes, et les gérants d’un chapiteau accueillant des concerts n’arrivent pas à s’entendre.
- Avant la tenue d’une deuxième commission de conciliation, les habitants ont porté plainte contre le MeM pour nuisances sonores.
- Le chapiteau devrait prochainement être remplacé et déplacé un peu plus loin des habitations mais pas avant le printemps prochain.
«Ce n’est pas un simple conflit avec des voisins intolérants. Là on nous baratine, on nous embobine ». Guillaume habite avec sa compagne et ses enfants dans une maison bordant la route de Sainte-Foix. C’est ici, à deux pas du chapiteau du MeM et de sa guinguette que la famille subit régulièrement les nuisances sonores des nombreux concerts organisés par le Centre de production des paroles contemporaines (CPPC) qui gère aussi le festival Mythos. Très prisé des Rennais depuis son ouverture en 2019, le lieu génère aussi d’importantes nuisances pour les proches riverains. Sommée d’agir, la ville de Rennes a mis sur pied une commission de conciliation pour tenter de sortir de l’impasse. Mais depuis sa tenue en mars, « rien n’a changé » pour les riverains.
Le jeudi 9 juin, l’association résidents de la route de Sainte-Foix et de la Prévalaye a porté plainte contre le CPPC, espérant mettre fin aux nuisances sonores contre lesquelles ils se battent depuis la réouverture du chapiteau après la pandémie. « On a essayé de discuter, de faire confiance et d’attendre. Mais rien n’a changé. On a l’impression qu’il y a un grand doigt tourné vers le hameau sur le toit du chapiteau », regrette Guillaume. Si son association s’est décidée à porter plainte, c’est qu’elle a reçu les conclusions de la visite d’un huissier le soir d’un concert. Alors que le groupe Deluxe se produisait dans le chapiteau un soir de mois de mars, des relevés sonores ont été effectués. Résultats : « Dans la chambre de notre fille, fenêtre fermée, on a constaté des émergences de +10 décibels. Dans notre jardin, c’était +15 à +18 décibels ». La loi est pourtant claire. Ces émergences ne doivent pas excéder +3 dB.
L’étrange arrêté pris par la municipalité
Interrogé par 20 Minutes il y a quelques semaines, le secrétaire général du CPPC Etienne Grange s’était défendu. « On n’a pas monté le MeM pour ennuyer les voisins mais pour faire vivre l’offre culturelle rennaise », avait-il expliqué, avant de rappeler qu’un limiteur de bruit avait été installé.
Le problème pour les riverains, c’est que ça n’a rien changé. « C’est même pire car on constate de plus en plus de soirées privées », assure Guillaume. Récemment, la municipalité rennaise a signé un arrêté autorisant huit soirées privées jusqu’à 3 heures du matin. « C’est signé de la main de Cyrille Morel, alors que c’est lui qui préside la commission de conciliation ! On se moque de nous. Cette commission était censée trouver des solutions ». L’adjoint à la vie nocturne avait suggéré « d’adapter les styles de concerts » afin de limiter les nuisances, tout en prévenant. « On ne va pas interdire l’électro. »
aLe week-end dernier, certains riverains ont par exemple subi les basses de la soirée du festival Big Love. La solution brandie par le CPPC est déjà connue. Mael Le Goff et ses équipes vont investir dans un nouveau chapiteau similaire à celui installé au Cabaret sauvage à Paris. Son lieu d’implantation sera légèrement décalé pour s’établir à 300 mètres des habitations les plus proches. Mais il faudra attendre le mois d’avril 2023 pour le voir entrer en fonction.