Rennes : Nathalie Appéré « exaspérée » par les retards cumulés de la ligne B
COLÈRE•La présidente de Rennes Métropole a fait part de sa déception de voir la livraison de la deuxième ligne de métro une nouvelle fois reportée en raison d’incidents techniques chez SiemensCamille Allain
L'essentiel
- Le constructeur allemand Siemens Mobility a annoncé un nouveau report de la livraison de la ligne B du métro de Rennes.
- Une annonce qui a passablement agacé la présidente de Rennes Métropole Nathalie Appéré.
- La date d'ouverture, qui devrait être connue début juin, devrait avoir des conséquences importantes sur le reste du réseau de bus.
Son visage était fermé, comme rarement on l’avait vu. Ce mardi dans une salle de réunion trop étroite de l’hôtel de Rennes Métropole, Nathalie Appéré a laissé le président de Siemens Mobility annoncer un énième report de la livraison de la ligne B. Les mains posées, le regard noir, Nathalie Appéré a écouté Laurent Bouyé détailler les contraintes techniques auxquelles ses équipes font face. Confronté à des problèmes de galet de guidage et de « réveil automatique » des rames du Cityval qu’il a mis au point pour Rennes, le constructeur allemand ne pourra pas livrer l’ouvrage à la fin mai comme il l’avait promis. Quand pourra-t-il le faire ? On l’ignore encore puisqu’il faudra attendre « début juin » pour que Siemens s’engage dans un calendrier d’ouverture.
Au milieu de questions techniques et de calendrier, nous avons demandé à la maire de Rennes son sentiment face à ce nouveau retard. Agacée ? Impatiente ? « Sans doute un peu tout ça à la fois. Quand on prend des engagements, on aime les tenir. Lorsque l’on doit constater que des engagements tiers ne sont pas tenus, il y a une part de déception doublée d’exaspération, je ne vais pas le cacher. Je dois dire quelle est ma frustration. Cette mise en service, je l’attendais, je l’espérais avec les Rennaises et les Rennais ».
Des conséquences fâcheuses sur tout le réseau
Entamé en 2013, le colossal chantier de la ligne B du métro est un projet majeur qui doit redessiner une partie de la ville. L’enveloppe de 1,3 milliard d’euros allouée ne doit pas simplement permettre de faire rouler un métro, elle doit aussi désengorger le centre-ville de Rennes de centaines de bus chaque jour. Mais aussi éviter le recours à la voiture qui cause tant de problèmes de congestion et de pollution.
Son énième report (c’est le quatrième) met ainsi en péril la refonte du réseau géré par Keolis. « Septembre est une période complexe. Nous avions cru que la mise en service puisse se faire avant la fin mai pour avoir un fonctionnement d’été où il y a moins de voyageurs et être sur une pleine capacité pour septembre. C’est ce sur quoi nous travaillions avec Keolis depuis des mois ». Avec ce nouveau couac « c’est tout le redéploiement du réseau qui est retardé », prévient Nathalie Appéré, précisant que « la mise en place du nouveau plan de circulation » sera également à repenser. La fameuse Zone à trafic limité (ZTL) devra encore attendre.
Passablement agacée par la situation, la maire a cependant tenu à rappeler le contexte dans lequel s’était ouverte la ligne A en 2002. « C’est un élément très contrariant, je ne l’accueille pas avec légèreté. Même s’il ne faut pas oublier les considérations techniques de ce projet. Sur la ligne A, on affiche un taux de disponibilité de 99,8 %. Mais ce n’était pas le cas les premiers mois ». Redoutable d’efficacité, la première ligne du métro rennais fête cette année ses 20 ans. Alors qu’elle transporte chaque jour 150.000 voyageurs, elle attend toujours sa petite sœur.