Rennes : Les ruines des fabriques de cartouches sont devenues un havre de paix
PATRIMOINE•A la Courrouze, le site des Cartoucheries accueille un pôle de quartier qui sera inauguré ce samedi, mais aussi des espaces naturels volontairement laissés en fricheCamille Allain
L'essentiel
- Sur le site des Cartoucheries, à Rennes, des ruines ont été en partie réhabilitées pour accueillir un lieu hybride mêlant vie de quartier et culture.
- Longtemps à l’abandon, l’ancien site militaire est devenu une friche sauvage où la nature s’est imposée.
- Porté par des habitants dans le cadre du budget participatif, le nouveau site sera inauguré ce samedi par la maire Nathalie Appéré.
Les vrais savent. Ceux qui habitent le quartier ou viennent ici se promener. Eux savent qu’au pied du chapiteau du Big Bang Circus se cache un nouveau lieu hybride né de la folle idée d’une habitante de sauver un patrimoine oublié. Sur le site des Cartoucheries, les arsenaux de Rennes ont longtemps fabriqué et stocké des munitions. Abandonné depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, ce site longtemps fermé au public est rouvert depuis une dizaine d’années. En friche, il a été grignoté par une végétation devenue luxuriante, offrant une parenthèse de verdure dans un quartier champignon. Au milieu des épais murs en ruines des 18 maisonnettes, on trouve désormais un lieu hybride ressemblant de loin à une salle polyvalente à dimension culturelle.
« On voulait être présents mais discrets, que le toit ne dépasse pas les arbres ». Président de l’association des Cartoucheries, Mathieu Aufort ne souhaitait pas que le bâtiment qu’il a contribué à créer n’écrase le reste du paysage. Lui et son équipe de bénévoles ont réussi leur pari. Ouvert depuis la fin mars, le nouveau QG des habitants de la Courrouze sera officiellement inauguré ce samedi par la maire Nathalie Appéré.
Né en 2016 dans l’esprit de Dominique Krikorian, habitante du quartier, ce projet de réhabilitation avait été l’un des grands gagnants du budget participatif. « Les lieux étaient déjà utilisés. On voyait beaucoup de gens venir pour faire des barbecues. Mais c’était un peu dégradé, on retrouvait des déchets », se souvient Kelig, le gérant du Big Bang Circus.
Certaines maisons seront laissées en ruines
Devenu dangereux, le fameux spot de grillade a dû être démonté. La terrasse à côté de laquelle il se trouvait à elle été agrandie et offre une chouette vue sur le nouvel Antipode et sur les ruines des cartoucheries. Seront-elles rénovées ? « Non et c’est un choix. Nous voulons garder l’histoire de ce site, ne pas tout changer. On a envie que ce lieu reste à découvrir, un peu secret, que les gens osent s’y aventurer », poursuit Mathieu Aufort.
Déjà bien connu des locaux, le site s’est offert quelques coups de pub quand il a accueilli des événements culturels comme le Made Festival, qui reviendra le dimanche 22 mai. « Quand ils viendront, on leur donnera la tondeuse pour qu’ils préparent leur parcelle. C’est un nouveau mode de gestion partagé, un peu dans l’esprit du lieu », poursuit le président des Cartoucheries. Mais interdiction de tondre partout ! Ici, la nature est reine et doit le rester. Bon nombre d’alvéoles ont été rapidement nettoyées mais l’essence du lieu reste sauvage. Une parcelle a été réservée aux enfants mais elle ne comporte aucun jeu, seulement un espace de nature pour y faire des cabanes.
Le seul bâtiment fermé accueillera quant à lui de petits événements réunissant une cinquantaine de personnes. En priorité des habitants du quartier, qui bénéficient d’un tarif préférentiel, mais aussi à tous ceux qui cherchent un lieu chargé d’histoire. Un endroit où l’on a longtemps préparé la guerre, aujourd’hui devenu un havre de paix.