Rennes : Pourquoi la construction d’immeubles en bois gagne du terrain
IMMOBILIER•Les projets de logements collectifs valorisant ce matériau écologique se multiplient dans la métropoleJérôme Gicquel
L'essentiel
- Dans la métropole rennaise, les constructions d’immeubles en bois se multiplient.
- Cette tendance a été initiée par la collectivité qui a lancé en 2017 un appel à manifestation d’intérêt pour favoriser l’utilisation du bois dans les constructions.
- La filière bois bretonne, qui pèse 15.000 emplois, espère profiter de ce boom des constructions.
Île Ô Bois, Horizon Bois, O’Bois… Les noms de ces programmes immobiliers en cours de construction à Rennes et dans sa métropole fleurent bon la forêt. Ils témoignent surtout de l’intérêt croissant des constructeurs pour ce matériau longtemps délaissé au profit du béton. Ces dernières années, on a ainsi assisté à un boom des maisons individuelles à ossature bois qui représentant aujourd’hui 12 % des nouvelles constructions en Bretagne. Cette tendance gagne désormais les logements collectifs sous l’impulsion des pouvoirs publics.
Lors de l’élaboration du programme local de l’habitat (PLH) de Rennes Métropole pour la période 2015-2020, les élus ont exprimé la nécessité d’innover dans la production des logements. Cela s’est traduit en 2017 par le lancement d’un appel à manifestation d’intérêt pour favoriser la construction de logements en bois sur le territoire. Une douzaine de projets pour un total de plus de 340 logements, pas encore tous livrés, sont alors nés de cette initiative. Depuis, la demande ne faiblit pas comme le confirme Olivier Ferron. « Cela s’est encore accentué depuis les dernières élections municipales où l’on a assisté à une vague verte », souligne le délégué général de l’association Fibois Bretagne.
Une réponse aux enjeux climatiques et énergétiques
Face aux défis de la transition énergétique et climatique, le bois, matériau écologique par excellence, possède en effet quelques atouts. Excellent isolant, il permet tout d’abord de réduire la facture énergétique des logements. « Il a aussi un faible impact environnemental et participe en cela à la décarbonation du secteur du bâtiment qui est un enjeu fort », indique Dominique Feuvrier, directeur d’Ataraxia Promotion, qui porte le projet Île Ô Bois.
Constitué de 111 logements, dont 72 en collectif, ce programme, qui sortira de terre fin 2023 dans le quartier Beauregard à Rennes, se veut d’ailleurs assez symbolique puisqu’il s’agira du premier immeuble d’habitation tout en bois en Bretagne. « C’est un défi mais on a envie de montrer que c’est possible de construire tout en bois dans la région », assure-t-il. Alors que les travaux démarrent tout juste, la commercialisation démarre plutôt bien avec « déjà plus de 50 % de réservations ». « L’accueil est très bon de la part de la clientèle alors qu’on pensait qu’il y aurait des réticences, notamment au niveau du prix », souligne Dominique Feuvrier.
Le bois breton veut tirer son épingle du jeu
Car s’il a des avantages indéniables comme matériau de construction, le bois se révèle aussi plus cher. Conséquence de la crise sanitaire et de la guerre en Ukraine, son prix s’est même envolé ces derniers mois. « Mais c’est le cas de toutes les matières premières », relativise Hervé Boivin, animateur bois construction à la Fibois Bretagne. « Et si on veut des matériaux biosourcés qui ont des vertus environnementales, il faut aussi accepter cette idée de payer un peu plus cher, assure-t-il. C’est comme pour l’agriculture biologique, cela a un coût ».
Si la crise sanitaire a chamboulé tous les secteurs, elle a aussi accentué le désir de consommer local et durable. Un changement des habitudes sur lequel le bois breton compte surfer. « On ne couvrira bien sûr pas l’intégralité de la demande mais la ressource existe en Bretagne », assure Olivier Ferron, défendant une filière qui pèse aujourd’hui près de 15.000 emplois dans la région. « Les perspectives sont bonnes et elle a tout pour se développer », espère-t-il.