Bretagne : « Il est drôle, farfelu »… Qui est l’étrange poète ferrailleur qui a construit un jardin magique ?
TELEVISION•Le documentaire « L’enchanteur en chantier » montre le quotidien de Robert Coudray, bricoleur et homme de cinéma installé dans le MorbihanCamille Allain
L'essentiel
- A Lizio, dans le Morbihan, l’artiste Robert Coudray a créé un curieux parce qu’il a entièrement construit depuis trente ans.
- Son parcours atypique fait l’objet d’un documentaire qui sera diffusé ce jeudi soir sur France 3 Bretagne.
- Ce poète ferrailleur a vécu un drame lors du tournage quand il a perdu son fils dans un accident de voiture.
Son étrange jardin intrigue tous ceux qui passent devant depuis près de trente ans. Situé en bordure d’une sinueuse route départementale à l’écart du petit bourg de Lizio (Morbihan), l’univers du « poète ferrailleur » est unique. Les tours des palais qu’il a lui même construit sont un vague mélange de l’œuvre de l’artiste Gaudi à Barcelone, de l’ambiance d’Alice au pays des Merveilles et des créations de Tim Burton. Une chose est certaine : elles détonnent dans ce paisible décor rural. Trente ans après la création de ses premiers automates, l’inventeur de ce parc unique en Bretagne fait l’objet d’un documentaire diffusé ce jeudi dans La France en vrai sur France 3.
Dans « L’enchanteur en chantier », le téléspectateur apprend à découvrir Robert Coudray. Un homme aux multiples visages qui partage son temps entre bricolage, création et cinéma. Un homme qui a vécu un drame pendant le tournage lorsqu’il a perdu son fils dans un accident de voiture. Une tragédie qui n’a pas freiné sa créativité. Pour rendre hommage à son fils, Robert Coudray lui a construit un impressionnant palais. Il l’a installé chez lui, dans son « parc d’attractions » qui attire 50.000 curieux chaque année.
« On voulait pénétrer dans son univers, comprendre son processus de création. Robert est à la fois hyperactif et contemplatif. C’est un homme drôle, farfelu, un utopiste qui vit pour ses rêves. Il ne s’arrête jamais ». La première fois qu’Anne Burlot a découvert l’univers du « poète ferrailleur », c’était en passant devant en voiture, par hasard. Le parc était fermé mais la réalisatrice était revenue. Celle qui officie pour France 3 Bretagne avait dressé le portrait de ce Géo Trouvetou pour la chaîne locale avant d’y revenir quelques mois plus tard dans le but de parler du projet de film du poète dans un documentaire. Le film de 50 minutes sera diffusé pour la première fois à la télévision ce soir après un tournage marathon de trois ans. « Personne ne pensait que ça prendrait autant de temps », reconnaît la réalisatrice, qui a travaillé avec son conjoint Glenn Besnard.
En plus d’être un créateur inclassable, Robert Coudray est aussi un grand passionné de cinéma. Il y a dix ans, il avait vendu sa cidrerie pour produire un premier long-métrage qu’il a lui même distribué et qui a réussi à attirer 45.000 spectateurs dans les salles. Usé par l’effort, le poète ferrailleur pensait ne jamais reprendre la caméra. Il n’a pas mis longtemps à céder pour un nouveau projet personnel qui lui a demandé sept ans d’un travail acharné. Il faut dire que Robert Coudray ne fait rien comme les autres. Et que c’est lui qui réalise tous les décors de ses films. « Normalement, un tournage ça prend quelques semaines. Nous, on fait ça par session de deux ou trois jours car on doit construire les décors en même temps », explique Robert Coudray.
« Chez moi, on sent la sueur »
Ce deuxième film intitulé « Heureux les fêlés » qui sortira en novembre raconte l’histoire de l’auteur dans ses grandes lignes et prend pour décor ses incroyables créations. Un récit où interviennent les nombreux amis de l’apprenti cinéaste, qui gravitent autour de ses projets farfelus. Des amis qui ont été très présents quand Robert Coudray a perdu son fils, tué dans un grave accident de voiture. Face à cette tragédie, l’artiste s’est lancé dans la construction d’un nouveau palais pour son parc. Un palais hommage à son fils où une voiture rouge apparaît encastrée dans le mur. « Ce n’est pas la colère qui m’a fait faire ça. La peine était là, la douleur était vive et elle l’est toujours. Mais mon fils était tellement entier que je me devais de continuer à vivre. Faire ce palais, c’était comme une évidence pour moi ».
Cette construction, le poète ferrailleur ne l’a toujours pas achevée. Le fera-t-il un jour ? Pas certain. « J’ai encore des années de travail dessus. La créativité ne s’arrête jamais, surtout quand on revendique l’imperfection comme moi. C’est ce qui fait mon côté authentique, artisanal. Ce n’est pas Disneyland ici. Ce qu’ils ont fait est magnifique mais c’est très léché. Chez moi, on sent la sueur », explique Robert Coudray avant de préciser qu’il n’est « bon nulle part ». Allez jeter un œil à ses incroyables créations pour lui donner tort. Sourires garantis.