Rennes : Le parking Vilaine va bien disparaître et sera démoli… Voici son futur visage
URBANISME•Le conseil municipal a voté en faveur de ce scénario pour redonner de la place à l’eau en centre-villeCamille Allain
L'essentiel
- Le conseil municipal de Rennes a voté en faveur de la démolition du parking Vilaine, construit dans les années 1960.
- L'objectif est de découvrir le fleuve qui coule en dessous depuis soixante ans et de végétaliser le centre-ville. Le scénario prévoyant un parc en surface n'a pas été retenu.
- Le début de ce chantier estimé à 17 millions d'euros devrait avoir lieu courant 2024 pour une livraison en 2027.
Un serpent de mer. En débat depuis des années, l’avenir du parking Vilaine avait été acté il y a deux ans quand la maire de Rennes, Nathalie Appéré, avait annoncé sa volonté de le supprimer si elle était réélue. La question de son devenir n’avait, elle, pas été tranchée. Après des mois de réflexion et la nomination d’un jury citoyen, la majorité municipale s’est prononcée en faveur de la « découverture » du parking situé au-dessus de la Vilaine et qui marque le passage entre la partie nord et la partie sud de la capitale bretonne. Ce scénario de démolition est celui qui avait remporté le plus de suffrages au sein des 30 membres du jury citoyen tirés au sort. C’est aussi celui qui a été retenu par la maire ce lundi en conseil municipal, malgré l’opposition de certains élus. Recouverte depuis les années 1960, la Vilaine va de nouveau se montrer. Et tout laisse à penser que c’est une excellente nouvelle.
« Les premiers coups de pioche ne sont pas pour tout de suite », prévient la maire. Au vu de la tâche à accomplir, on pense même que la pioche ne suffira pas. Mais à compter du dernier trimestre 2024, c’est un pan de l’histoire de Rennes qui sera démoli pour (re) découvrir la Vilaine. « Une transformation historique », selon Nathalie Appéré. « C’est un morceau de l’histoire de la ville et de son patrimoine qui va être réinterrogé. Nous allons fermer la page de l’ère du tout voiture qui était plébiscitée dans les années 1960 et 1970 », présente le premier adjoint à l’urbanisme, Marc Hervé. Une enveloppe de 17 millions d’euros sera accordée à ce projet emblématique, dont deux à trois millions prévus uniquement pour la démolition de cet imposant espace de béton.
La décision de découvrir le fleuve n’a pas été prise à la va-vite. Depuis sa nomination, il y a près d’un an, le jury citoyen s’est penché sur plusieurs scénarios : l’un plébiscitant la découverture, un autre optant pour la transformation du parking en un grand parc, et un troisième projet hybride, finalement abandonné. « Notre objectif était que cela devienne un lieu de destination et plus un lieu de passage, que cela devienne un incontournable de Rennes », explique Marie, l’une des membres du jury citoyen.
Tous les élus ne sont pas d’accord
La préoccupation écologique a été prégnante, notamment pour lutter contre les îlots de chaleur, mais les aspects de circulation n’ont pas été négligés car le lieu est central et ne doit pas constituer une barrière entre le nord et le sud. « Votre projet est susceptible de bouleverser à la fois l’équilibre économique et l’équilibre géographique de notre ville », prévient Antoine Cressard, élu de Révéler Rennes (groupe LREM). Honoré Puil, ancien adjoint au commerce membre de la majorité a précisé qu’il préférait « l’autre scénario » prévoyant un grand parc en surface. Ce dernier n’était pas favorable à la suppression du parking.
Le projet retenu ravira ceux qui sont habitués à naviguer sur le cours d’eau. Alors qu’ils réclament des aménagements depuis des mois pour accoster, les kayakistes ou adeptes de l’aviron pourront débarquer facilement grâce aux pontons qui seront aménagés sur l’eau. Ouverte aux piétons, cette promenade au bord de l’eau pourrait même se poursuivre au-delà de la place de Bretagne et relier le mail Mitterrand sans repasser « par la surface ». Des gradins permettraient de descendre progressivement. Les murs des quais, grisés par les années, pourraient être végétalisés ou recouverts d’œuvres artistiques. Sur l’autre quai, le jury citoyen plaide pour la plantation d’arbres « en pleine terre » et non pas seulement en pot comme c’est le cas sur le parking aujourd’hui. Sur le visuel fourni par les agences d’urbanisme, la voie de circulation située au nord serait supprimée pour intégrer davantage de végétaux.
Le jury citoyen en a aussi profité pour repenser l’avenir de la place de la République voisine. Jugée trop minérale et peu avenante, elle devrait également faire l’objet d’un lifting. « Nous plaidons pour une meilleure mise en lumière du palais du commerce et une forte végétalisation de la place afin que les gens aient envie de s’y arrêter et qu’on améliore le sentiment de sécurité ». L’ensemble du projet ne devra pas être livré avant 2027 selon les élus.