DROGUE« Le trafic perdure »… A Rennes, la lutte sans fin contre le trafic

Rennes : « Malgré nos efforts, le trafic perdure »… La lutte sans fin face au trafic de drogue

DROGUELa police rennaise assure qu’elle travaille « au quotidien » pour perturber les 44 points de deal
Camille Allain

Camille Allain

L'essentiel

  • Après un effondrement du trafic en 2020, la délinquance liée aux stupéfiants a retrouvé un niveau plus « normal » en 2021 à Rennes.
  • Avec ses renforts humains, la police a intensifié ses contrôles sur les 44 points de deal recensés à Rennes.
  • Le nombre de saisies de cannabis et de cocaïne a fortement augmenté cette année mais le trafic perdure.

Les statistiques de 2021 ne veulent pas dire grand-chose. Après une année 2020 marquée par une chute de la délinquance, notamment en raison des confinements et des couvre-feux imposés par la crise sanitaire, l’année 2021 semble être celle du « retour à la normale » pour les policiers et gendarmes. A Rennes comme dans la plupart des métropoles françaises, l’accent a été mis sur la lutte contre le trafic de stupéfiants, encouragée par le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin. Avec quels résultats ? Difficile à établir tant l’année 2020 avait été anormale. Mais des tendances se dégagent.

Sans effectuer de gros coups de filet, les forces de l’ordre d’Ille-et-Vilaine ont vu leurs saisies augmenter de manière spectaculaire par rapport à « l’année Covid » : +80 % pour le cannabis et +100 % pour la cocaïne de janvier à novembre. Ces chiffres dévoilés ce vendredi par les autorités locales confirment les efforts entrepris, notamment par la police, pour perturber le trafic de stupéfiants. « Le trafic a-t-il augmenté ? Je ne sais pas. Mais notre activité, elle, a fortement augmenté », assure le commissaire de police Luca Togni, directeur départemental de la sécurité publique (DDSP). Ses services, qui ont reçu des renforts humains, ont identifié « 44 points de deal » dans les cinq communes de leur zone couvrant Rennes, Chantepie, Saint-Jacques-de-la-Lande, Cesson-Sévigné et Saint-Grégoire. « Dans ces lieux, notre présence est quotidienne », assure le commissaire, avant de reconnaître. « Malgré nos efforts, le trafic perdure ».

A Saint-Jacques, 46 dealers identifiés

A ses côtés, le procureur de la République abonde. « Nous savons que la qualité de vie des gens qui habitent près des points de deal est très dégradée. Nous avons accentué nos efforts sur certains lieux, notamment sur l’occupation des halls d’immeubles et le ressenti semble s’améliorer », assure Philippe Astruc. Le magistrat cite l’exemple du quartier de la Morinais, à Saint-Jacques-de-la-Lande, où Wilhem Houssin avait été tué en juillet, roué de coups par des jeunes dealers. « La première idée qu’il faut écarter, c’est que ce sont les trois ou quatre mêmes personnes qui sont là tout le temps. Sur ce point de deal, on a identifié 46 personnes soupçonnées de trafic », explique le procureur.

L’accès à ce contenu a été bloqué afin de respecter votre choix de consentement

En cliquant sur« J’accepte », vous acceptez le dépôt de cookies par des services externes et aurez ainsi accès aux contenus de nos partenaires.

Plus d’informations sur la pagePolitique de gestion des cookies

A Saint-Jacques, la présence accrue des policiers n’a pas fait stopper le trafic, loin de là. Mais les transactions se font à un endroit « plus éloigné de l’école ». « L’agressivité semble avoir diminué », assure le magistrat. Assis à ses côtés, le préfet Emmanuel Berthier se charge de rappeler que « le département d’Ille-et-Vilaine est un département sûr », promettant que « la délinquance est maintenue ». Le préfet évoque un taux de délinquance de « 52 pour 1.000 habitants à Rennes », contre 78 pour 1.000 à Nantes, ou 86 pour 1.000 à Rouen. Point positif : les atteintes aux biens ont bien baissé. Point négatif : les atteintes aux personnes physiques sont de plus en plus nombreuses.

En 2021, la police n’est pas la seule à avoir noté une hausse des interventions liées aux stupéfiants. Depuis le début de l’année, la gendarmerie d’Ille-et-Vilaine a dressé 550 amendes forfaitaires. Mais elle a surtout aligné 1.300 personnes coupables de conduite sous l’empire des stupéfiants. « C’est un record. Ce n’est pas si surprenant car quand on cherche, on trouve », explique le colonel Sébastien Jaudon. Le patron des gendarmes du département précise que ces 1.300 infractions sont devenues « un peu plus nombreuses que les conduites sous l’empire d’un état alcoolique ».