RIVIERESur la Vilaine, les navigateurs rament pour obtenir des aménagements

Rennes: Canoë, kayak, aviron... Sur la Vilaine, les navigateurs rament pour obtenir des aménagements

RIVIEREUne grande parade nautique de Noël se déroulera samedi en fin d’après-midi dans le centre-ville
Camille Allain

Camille Allain

L'essentiel

  • A Rennes, les adeptes de kayak, canoë ou aviron aimeraient des aménagements sur les berges pour embarquer et débarquer plus facilement.
  • Une réflexion est en cours à l’échelle de la région et de la métropole pour améliorer les aménagements de la Vilaine.
  • Une grande parade de Noël va amener des dizaines de bateaux dans le centre-ville de Rennes samedi. Une image rare.

Edit du 13 décembre : En raison d'un refus d'autorisation d'éclusage de dernière minute, la parade de Noël n'a pas pu descendre jusqu'aux quais du centre-ville samedi. La région Bretagne évoque un niveau d'eau trop élevé, ce que contestent les organisateurs.

Ils descendront avec des lampions, quelques torches et une tenue bien chaude. Vers 18 heures ce samedi, ils devraient arriver dans le centre-ville de Rennes, illuminant et animant la Vilaine comme jamais elle ne l’a été. Orchestrée par le kayak club de Rennes, cette grande parade nautique de Noël devrait attirer plus de 130 embarcations. Un chiffre record qui dénote de l’engouement croissant de la population pour la navigation. « La première fois, on était sept. J’avais emmené quelques élèves du club voir les illuminations du centre-ville. On avait embarqué des torches pour s’éclairer dans les tunnels à République », se remémore Gaël Bleunven.

Bénévole au club, l’homme s’est récemment fait remarquer pour avoir installé un embarcadère « sauvage » au pied du bar La Mie Mobile. Le premier bistrot « les pieds dans l’eau » où les kayaks, canoës ou paddles pouvaient s’arrêter en toute sécurité.

Les embarcations se multiplient sur ses eaux

L’idée n’avait pas vraiment plu à la ville qui avait envoyé sa police municipale et demandé le retrait de l’embarcadère. Cette petite provocation avait pourtant un but : faire entendre la voix des usagers de la Vilaine. « On nous explique depuis plusieurs années que Rennes doit reconquérir son fleuve, le mettre en valeur. Mais ceux qui l’utilisent ne sont jamais consultés ! On ne demande pas grand-chose, juste quelques aménagements permettant de débarquer ou embarquer en toute sécurité. On doit souvent le faire dans les ronces », regrette Gaël Bleunven.

A Rennes, capitale où se croisent l’Ille et la Vilaine, la navigation a retrouvé de l’élan. Non, la ville n’a plus de port (il a longtemps été installé à République) mais elle voit depuis quelques années les embarcations se multiplier sur ses eaux. Les P’tits Bateaux électriques y ont participé. Le regain de forme des clubs d’aviron, de kayak ou de canoë n’y est pas étranger. Mais les aménagements ne suivent pas. Et l’hypercentre est presque déserté, faisant de Rennes un barrage que peu osent franchir.

« Sur certaines portions, c’est une autoroute de promeneurs »

Depuis plusieurs années, la métropole a pourtant entrepris un important travail de valorisation de la Vilaine « aval », aménageant les berges et les chemins de halage reliant la Prévalaye à Laillé. « La pratique y a explosé. Sur certaines portions, c’est une autoroute de promeneurs », s’amuse Laurence Besserve, vice-présidente de Rennes Métropole déléguée à l’habitat.

Celle qui est aussi maire de Betton en sait quelque chose. Chaque dimanche, des centaines de cyclistes longent le canal d’Ille-et-Rance pour profiter du marché hebdomadaire. Parfait pour ceux qui marchent le long de l’eau. Moins pour ceux qui y naviguent. « Il y a des plusieurs écluses à passer, ce n’est pas l’idéal », reconnaît l’élue. Une réflexion est en cours en amont de Rennes, pour améliorer la liaison cyclable en direction de Brécé notamment. Mais au milieu, la ville centre est à la traîne, admet Laurence Besserve :

«  Il serait logique qu’il y ait une continuité, y compris dans le centre de Rennes »  »

Contactée, la région Bretagne qui exploite les cours d’eau précise qu’une étude sur le développement de la navigation et de la randonnée sera menée à partir de janvier. Y sera-t-il question de navigation ? C’est prévu, promet-on. « L’étude porte sur les usages terrestres mais aussi sur l’utilisation fluviale et la navigabilité », assure l’élue métropolitaine. Les travaux réalisés récemment sur la plaine de Baud vont dans ce sens. En plus d’offrir un lieu de loisirs, la ville y a aménagé une cale, permettant de descendre facilement les bateaux à l’eau.

L’égérie dense envahit la Vilaine ces dernières années

Si Rennes semble à la traîne dans les aménagements, sa voisine s’est engagée dans un ambitieux programme. A Cesson-Sévigné, le stade d’eaux-vives qui a vu passer de nombreux athlètes olympiques va être entièrement rénové pour rester compétitif. « L’outil a vingt ans, il avait besoin d’un entretien. Les pompes qui remontent l’eau sont fatiguées. Le stade ne correspondait plus aux besoins et aux attentes du haut niveau », décrit Nicolas Laly, responsable du pôle France de canoë-kayak. La longueur sera doublée pour atteindre environ 220 mètres de long et la difficulté sera accrue. « C’est comme si on naviguait sur une piste bleue. Ça ne correspondait plus à l’exigence de la compétition ».

Le chantier, estimé à plus de 4,5 millions d’euros hors taxes, devrait démarrer au printemps 2022 pour s’achever en 2023. Un pas de géant pour l’ensemble des pratiquants. Mais qui ne doit pas faire oublier que la navigation dans ce secteur est de plus en plus compliquée. La faute aux aménagements ? « Plutôt à l’égérie dense qui nous envahit », corrige Nicolas Laly. Cette plante ultra-invasive s’est développée dans la Vilaine ces dernières années et ne semble plus vouloir la lâcher. Non, la navigation n’est pas simple à Rennes. Mais elle continue de faire de nouveaux adeptes. « Avant, il n’y avait que nous et quelques avirons. On voit de plus en plus de monde, notamment beaucoup d’amateurs qui pratiquent sans encadrant. Raison de plus pour sécuriser la navigation », glisse Gaël Bleunven.