Rennes : Hyper demandées, les zones d’activités offrent de l’emploi mais croquent des champs
ETALEMENT•Très attractive, la métropole est très sollicitée par des demandes d'installation ou d'extension d'entreprisesCamille Allain
L'essentiel
- Plusieurs projets d’extensions de zones d’activités économiques ont fait débat à Rennes Métropole, notamment en raison de l’étalement urbain.
- Attractive sur le plan économique et démographique, la métropole est très sollicitée par les entreprises qui veulent s’implanter ou s’agrandir.
- Pour parvenir à les accueillir, les élus espèrent densifier l’existant et l’améliorer.
Avis aux amateurs de mathématiques. Nous avons une délicate équation pour vous ! Dans un territoire très attractif comme Rennes Métropole, les entreprises sont nombreuses à vouloir s’agrandir ou venir s’installer. Une excellente nouvelle pour l’économie locale et l’emploi. Mais comment concilier ces demandes de plus en plus nombreuses avec l’impératif de préserver le foncier agricole ? Si vous avez la solution, les services de la métropole seront ravis de l’entendre.
Si on pouvait craindre de voir la crise freiner l’économie rennaise, on peut être rassuré. Elle se porte bien, merci pour elle. Tellement bien qu’elle doit s’étendre, s’agrandir, se développer mais ne peut pas. « Sur le bassin rennais, la crise, je ne la vois pas ! Il y a un besoin vital de terrains à bâtir, mais on ne les trouve pas. Les ZAC (zones d’activités économiques) sont déjà presque pleines et on a beaucoup de difficultés à installer des entreprises », explique Tom Audebert. Depuis plusieurs années, ce négociateur immobilier d’entreprise travaillant chez Giboire est débordé de demandes de petites entreprises ou d’artisans à la recherche de terrains ou locaux vacants. « On ne peut pas répondre à toutes les demandes. On a des clients qui ne pourront jamais s’installer dans le pays de Rennes ». Conséquence ? Ils vont ailleurs, privant la métropole d’emplois et d’impôts.
« La métropole est en développement, elle est obligée d’accueillir »
La principale difficulté est à trouver du côté du foncier. Dans son modèle d’urbanisme de type « ville archipel », la métropole est très attentive à ne pas grignoter son foncier agricole. Déjà confrontées à une obligation de construction de logements, Rennes et ses 42 communes tentent de « limiter la casse ». « La métropole est en développement. Elle est obligée d’accueillir de nouvelles entreprises, d’autant que nous avons énormément de demandes », concède Jean-Marc Legagneur.
Pour limiter l’étalement, le vice-président en charge du commerce, de l’artisanat et des zones d’activité a entrepris un diagnostic des zones existantes. Et il y en a ! On pense à la zone de la Janais, que PSA n’exploite plus en totalité. « Pour l’heure, nous réservons cette zone aux entreprises qualitatives d’innovation », répond l’élu. Et Amazon, un temps annoncé ? « Pour l’instant, Amazon, c’est non », tranche-t-il.
La solution « la moins consommatrice » retenue par l’agglomération a été celle de l’extension de zones existantes, comme c’est actuellement le cas à Noyal-Châtillon-sur-Seiche dans la zone du Hil. Ce qui n’est pas sans douleur pour les agriculteurs qui y travaillent. Quatorze hectares de champs servant à nourrir leurs animaux seront consommés. « Ne peut-on pas densifier les entreprises qui sont déjà sur place ? Il y a de beaux discours sur la non-artificialisation des sols mais la ceinture verte se rétrécit », regrette Gilles Théron, porte-parole de Génération Ecologie. « La densification reste privilégiée. Mais il n’est pas simple d’inciter une entreprise à partager son terrain ou son bâtiment. Ce sont souvent des négociations longues », répond Jean-Marc Legagneur.
Une meilleure coopération entre territoires
L’ambition est aussi d’améliorer l’existant, en travaillant notamment sur l’environnement de ces zones, rarement charmantes et souvent inadaptées aux modes doux comme la marche ou le vélo.
La métropole est aussi en discussion permanente avec les collectivités voisines afin de mieux répartir les implantations et donc les emplois, notamment concernant les grands terrains plébiscités par les entreprises de logistique. Un constat nouveau. Il y a dix ou quinze ans, c’était un peu la guerre entre collectivités pour attirer les entreprises. La tendance est plutôt à l’entraide.