Rennes : La Chambre des comptes épingle la gestion des déplacements par la métropole
TRANSPORTS•Les magistrats estiment notamment que l’usage de la voiture reste encore essentiel à l’extérieur de la rocade et « contribue à un phénomène de congestion croissante »Jérôme Gicquel
L'essentiel
- La Chambre régionale des comptes de Bretagne a publié un rapport au vitriol sur la gestion des déplacements par la métropole rennaise.
- Les magistrats estiment que les objectifs ont été « partiellement atteints » dans le précédent plan de déplacements urbains et émettent des réserves sur le nouveau.
- Ils estiment aussi que l’accès au métro est compliqué pour les habitants résidant au-delà de la rocade.
La politique de mobilité et de transports mise en place par la métropole rennaise en a pris un coup ces derniers jours. Il y a une semaine, on apprenait que la mise en service de la ligne B du métro n’interviendrait pas avant début 2022 en raison de la crise sanitaire et des difficultés rencontrées par Siemens lors des essais sur les rames. Ce vendredi, la Chambre régionale des comptes de Bretagne en a rajouté une couche en publiant un rapport très critique sur la gestion des déplacements par la métropole.
Les magistrats épinglent notamment le modèle de « ville-archipel » sur lequel s’est construite la politique urbaine de la capitale bretonne. « Cette discontinuité urbaine et le développement de l’habitat dans des communes éloignées de Rennes, tout en présentant des avantages en termes de qualité de vie, impliquent des déplacements comparativement plus longs et plus nombreux », pointent-ils dans leur rapport.
Des objectifs « partiellement atteints » dans le précédent plan
Dans ce document de 198 pages, la Chambre des comptes a passé au crible le plan de déplacements urbains voté par la métropole rennaise pour la période 2007-2017 pour lequel « les objectifs ont été partiellement atteints ». « Ainsi, même si le développement des transports en commun est un succès, avec l’arrivée du métro et l’extension du réseau de bus, ceux-ci représentent moins de 14 % des déplacements métropolitains contre 17 % prévus », soulignent les magistrats.
Ils constatent aussi que « l’usage de la voiture individuelle a diminué en centre-ville mais reste un mode de déplacement essentiel à l’extérieur de la rocade et contribue à un phénomène de congestion croissante » et que « les modes alternatifs (vélo, marche) progressent mais ne constituent pas une alternative suffisante à l’échelle de la métropole ».
Les magistrats pointent les effets négatifs des zones 30 en ville
Après avoir critiqué le précédent plan, la Chambre des comptes émet également des réserves quant au nouveau, adopté pour la période 2019-2030. La métropole s’est ainsi engagée à réduire de 38 % ses émissions de gaz à effet de serre liées aux transports en faisant notamment la part belle au vélo et au covoiturage. Mais « le réalisme des hypothèses retenues dans ce nouveau plan reste à confirmer de même que leur adéquation aux besoins de mobilité, notamment en extra-rocade », estime le rapport. Car si « à l’intérieur de la rocade, les tracés des lignes de métro sont satisfaisants […], l’accès à ce mode de transport est compliqué pour les métropolitains résidant au-delà de la rocade, en raison du choix de ne pas faire franchir la rocade au métro ».
La Chambre des comptes fustige enfin la mise en place des zones 30 dans les rues de Rennes. « Les obstacles à la circulation automobile, destinés à réduire la vitesse des véhicules, ont des effets négatifs en matière de congestion, de pollution et de coûts économiques, voire de circulation des bus et véhicules de secours et d’urgence », conclut le rapport, qui ne manquera sûrement pas de faire réagir les élus rennais.