Rennes : Avant/Après… L’incroyable métamorphose d’une vieille fac dentaire pour accueillir une école et de la culture
TRANSFORMATION•L’ancienne fac Pasteur a accueilli ses premiers élèves de maternelle le 8 mars et attend de faire émerger des projets dans tous les sensCamille Allain
L'essentiel
- À Rennes, l’ancienne fac dentaire Pasteur a été transformée en un lieu hybride imaginé collectivement.
- Le bâtiment imposant accueille une école maternelle, un laboratoire de bidouille numérique et bientôt des activités culturelles et associatives.
- Estimé à 15 millions d’euros, le chantier affiche une méthode nouvelle de coconstruction qui a permis à chaque futur utilisateur de parler de ses besoins. Les enseignants n’en reviennent pas.
Le projet était difficile à décrire tant il était abstrait, pour ne pas dire fumeux. On ne va pas vous mentir, au départ, on n’avait pas vraiment compris ce qu’allait devenir l’ancienne fac Pasteur. Nous n’étions pas les seuls. En 2014, la majorité de Nathalie Appéré avait été sérieusement secouée quand elle avait mis fin au projet « d’université foraine » censé définir l’avenir de ce bâtiment emblématique de Rennes. Un temps long aura été nécessaire pour transformer le lieu et lui donner une âme. Mais il est temps de le reconnaître : ce chantier qui n’a ressemblé à aucun autre est une vraie réussite. Pour vous le prouver, 20 Minutes vous propose quelques images de l’avant chantier et de l’après. Longtemps sous-utilisé, ce lieu hybride accueille désormais une école maternelle, un laboratoire de bidouille numérique et des lieux d’accueil éphémères ouverts à tout ce qui ressemble de près ou de loin à de la culture.
Les couloirs blanc de l’ancien centre de soins dentaires ont été entièrement redessinés. Ils sont désormais parsemés de manteaux ne dépassant pas la taille 6 ans. Depuis lundi, le rez-de-chaussée de l’imposant bâtiment construit à partir de 1888 par l’architecte municipal Jean-Baptiste Martenot et Emmanuel Le Ray accueille environ 140 enfants. « D’habitude, quand on construit une école, c’est la commune qui fait et nous, on l’investit. Là, on a fait le contraire. On a partagé nos connaissances avec les architectes pour que ça ait du sens pour les enfants », explique Stéphanie Rousselin-Jounot.
L’ancienne directrice de l’école Faux-Pont et son équipe ont beaucoup travaillé pour concevoir leur nouveau QG. Mais toutes semblent ravies d’avoir triplé l’espace de la maternelle. « On a dû faire 800 cartons en cours d’année. J’avoue que ça n’a pas été simple mais on s’y sent bien. Les enfants aussi. On a l’impression qu’ils sont là depuis toujours », glisse Céline, enseignante de grande section.
« « On a mené un travail de dentelle pour conserver un maximum de choses comme des portes, des paillasses, du mobilier » »
L’aménagement n’a pourtant pas été simple et un sous-sol a dû être construit sous le bâtiment historique afin d’y aménager une cantine. A travers les fenêtres, les enfants voient défiler les bus, pour une fois à leur hauteur. Mais ils ne sont pas les seuls à occuper l’hôtel Pasteur. Depuis quelques jours, ils ont vu progressivement s’installer l’Edulab, un lieu dédié à l’apprentissage du numérique, et attendent de voir à quelle affectation seront dédiées les nombreux espaces libres dans les étages du bâtiment. « Les salles sont encore mouvantes. On peut accueillir des expositions, des cours de danse, des marathons de lecture. C’est un lieu que l’on met à disposition des utilisateurs », explique Sophie Ricard, gardienne des lieux qui a piloté la conception de ce projet collaboratif.
L’investissement de plus de 15 millions d’euros est conséquent pour la ville et les rebondissements ont été nombreux dans le chantier. Passées les galères, la méthode de conception collective semble faire consensus. « On a fait face à beaucoup de découvertes et on a dû s’adapter. On a mené un travail de dentelle pour conserver un maximum de choses comme des portes, des paillasses, du mobilier. Chaque pièce est singulière », explique Léa Hobson, architecte de l’agence Encore Heureux qui a travaillé sur le projet.
Quand la situation sanitaire le permettra, l’Hôtel Pasteur pourrait rapidement devenir l’un des lieux les plus cool de Rennes. Un endroit ouvert à tous et pas figé. Un espace en perpétuelle évolution que bon nombre d’associations rêvent déjà d’investir. « Nous savons que nous sommes regardés au niveau national. Ce n’était pas un cadre simple pour une collectivité car c’est une nouvelle méthode. Mais elle a porté ses fruits », reconnaît Sophie Ricard, évidemment très fière de voir l’Hôtel à projets ouvrir ses premières chambres.