Rennes : Contestée par des riverains, la tour du bailleur Aiguillon perd cinq étages
URBANISME•Le projet s’articule autour de la reconstruction du siège du bailleur social et de bâtiments d’habitationCamille Allain
L'essentiel
- Dans le quartier résidentiel de la Poterie, à Rennes, une tour de dix-sept étages devait voir le jour. Elle n’en fera finalement « que » douze.
- La mobilisation des habitants du quartier a fini par convaincre la ville et le bailleur social Aiguillon de revoir leur projet à la baisse.
- Une charte de concertation citoyenne a vu le jour à Rennes pour éviter que cette situation ne se reproduise.
La hauteur n’a pas vraiment la cote à Rennes. Dans la capitale bretonne, les projets d’immeubles dépassant les dix étages sont régulièrement contestés par les riverains, inquiets de voir une imposante silhouette venir dominer leur quartier. C’était notamment le cas dans le quartier de la Poterie, zone résidentielle sans immeuble, où le bailleur social prévoit de reconstruire son siège, jugé vieillissant. Mais sur les trois bâtiments envisagés, seul un posait problème. Une tour de 17 étages censée accueillir 150 logements.
La municipalité a annoncé que le projet serait finalement raboté de cinq étages, confirmant une information du Télégramme. Dans un courriel adressé aux habitants, qui avaient été reçus par la maire fin 2019, l’adjoint à l’urbanisme Marc Hervé promet « de nouvelles esquisses au printemps ».
« Ce sont toujours quelques rayons de soleil préservés »
Réunis au sein du collectif Nanssa (Non au nouveau site du siège d’Aiguillon), les opposants se sont bien gardés de crier victoire. « Moins cinq étages, ce sont toujours quelques rayons de soleil préservés, il est vrai. Mais les bâtiments de la Poterie ne dépassent pas quatre étages. Il faut partir de l’existant pour monter graduellement. Dans cette opération, il s’agit pour un bailleur social de tripler les hauteurs actuelles à des fins purement financières », critique le collectif dans un communiqué.
Ces derniers regrettent que les habitants « ne soient pas associés à l’évolution de leur cadre de vie ». Un constat régulièrement établi par les associations de riverains, qui reprochent aux élus de présenter des projets déjà ficelés. Pour y remédier, la ville a mis en place une charte « construction et citoyenneté » et un jury citoyen pour épauler la municipalité dans ses choix d’urbanisme. L’objectif de la maire Nathalie Appéré (PS) est de « garantir la concertation et la prise en compte des incidences pour les riverains ». Au moment de présenter cette charte, l’élue avait d’ailleurs précisé sa vision : « oui, je défends l’immeuble de grande hauteur, mais je n’en défends qu’un seul : celui de la tour Samsic à la gare ».
Une démarche insuffisante aux yeux du collectif Nanssa. « Opposer les habitants en place et les futurs arrivants, c’est contribuer à fragiliser le vivre-ensemble », avait-il prévenu, avant de rappeler. « Non, nous ne sommes pas contre l’accueil de nouveaux voisins ». Mais pas à n’importe quelle condition.