Coronavirus à Rennes : Obligés de fermer, des bars proposent bière et vin à emporter
EPIDEMIE•Plusieurs initiatives avaient germé dans les bars de Rennes pendant le confinement. Elles refont surface à l’heure du couvre-feuCamille Allain
L'essentiel
- Fermés depuis samedi, certains bars de Rennes tentent de proposer leurs produits à emporter.
- Si ce n’est pas possible pour tout le monde, cela permet aux patrons de travailler un peu alors qu’un reconfinement est envisagé.
- La bière et le vin sont plébiscités par les clients qui ont « besoin de se faire plaisir » malgré les restrictions liées à l’épidémie de coronavirus.
Ils ne s’attendaient pas à baisser le rideau si tôt. Sonnés par l’annonce de la préfète Michèle Kirry de fermer tous les bars d’Ille-et-Vilaine dès samedi, les patrons de bistrots tentent de s’organiser pour continuer à travailler. Si bon nombre d’entre eux sont dans l’incapacité totale d’exercer en raison du Covid-19, certains ont eu l’idée de proposer leurs produits à emporter. « Vendredi soir, on a vu les gens déferler. On a explosé notre record de vente directe », assure Frédéric Leschallier de la brasserie Skumenn. Tout juste ouvert, le pub installé à Cesson-Sévigné, près de Rennes, a dû fermer mais l’entreprise continue de vendre ses bières à emporter. « Pendant le confinement, on avait déjà été pas mal sollicités. Les gens ont envie de se faire plaisir. » Dotée d’une cuisine, la brasserie va tenter d’obtenir l’autorisation d’ouvrir pour proposer de la restauration, comme c’était prévu depuis des mois.
Sur le mail Mitterrand, la même scène s’est produite dans les rayons de l’Epicerie du mail, spécialisée dans les vins nature et les bières locales. Alors que le bar voisin des Grands Gamins peinait à calmer ses clients qui vivaient leur dernière soirée avant le couvre-feu, les amateurs d’apéro ont pris d’assaut la boutique. « C’était un peu comme si c’était la fin du monde, comme le 14 mars. Les gens voulaient rire, se détendre », explique le patron Jérémy Leduc. Et surtout, ils faisaient leurs provisions. Dès le lendemain, les rues de la ville étaient désertes. Comme si le combo Covid, couvre-feu et tempête avait sonné la fin de la récréation.
« Samedi, les gens ne comprenaient pas pourquoi ils ne pouvaient pas boire un café »
Ouverte depuis 2017, l’Epicerie du mail a expérimenté la livraison de ses produits au moment du confinement. Une première pour elle comme pour beaucoup. « Il y avait de l’attente, l’envie de profiter de bons produits », poursuit son gérant. C’est cette envie de proposer une alternative aux vins et bières de supermarché qui avait poussé une bande de potes à ouvrir le bistrot Les 400 Coups en fin d’année dernière. Après quatre mois d’activité, l’établissement adepte des vins nature, en biodynamie et de microbrasseries avait dû fermer et avait opté pour les bouteilles à emporter. « C’était une partie infime du chiffre d’affaires mais ça faisait travailler notre salarié, ça faisait du bien à tout le monde. Et puis ça offre une alternative à la grande distribution », explique l’un des fondateurs.
Chez Maloan, spécialiste de la bière pression en canettes, cela fait des années que les chopes se vendent à emporter. Doté d’une licence de restauration, l’établissement peut pour l’instant rester ouvert mais ses clients doivent obligatoirement se restaurer pour consommer. « Samedi, c’était la pire journée. On a dû l’expliquer, les gens ne comprenaient pas pourquoi ils ne pouvaient pas juste boire un café, ils partaient super fâchés », raconte Marie Guinard, la fondatrice.
En lançant une cave à bières l’an dernier, elle et son compagnon ont pu travailler un peu pendant le confinement. A l’heure du couvre-feu, leurs ventes à emporter risquent de grimper même si l’incertitude plane. « Au printemps, ça avait très bien marché mais il faisait beau et chaud. Là, c’est l’automne, on ne sait pas comment les gens vont réagir ». A voir la ruée vers les cavistes vendredi, on peut penser que les Bretons ont gardé le goût de la fête. Tout sauf une surprise.