Les fêtes font partie de notre identité
Actu Bretagne•Auteur de nombreux livres sur la Bretagne, scénariste de bande dessinée – notamment de la série Breizh dont le tome 6, consacré à Anne de Bretagne, est paru en septembre –, Thierry Jigourel a signé un ouvrage sur les fêtes bretonnes et celtiques, aux éditions Yoran Embanner.Magazine Bretons - Maiwenn Raynaudon-Kerzerho
Bretons : Ce livre sur les fêtes est paru juste avant leur interdiction ou du moins leur annulation pour cause de Covid. L’été a été triste en Bretagne…
Thierry Jigourel : Oui, ça a été un été épouvantable, très triste. C’est un gros manque pour les Bretons, cet été sans fêtes, sans festivals… Et je pense qu’on va le payer en automne…
Car, selon vous, la fête et la Bretagne sont indissociables. Ce côté festif est une particularité bretonne ?
En tout cas, la fête fait partie du monde traditionnel : les fêtes traditionnelles, calendaires, les mariages… Aux 18e et 19e siècles, comme l’écrivait Xavier Grall, “tout était prétexte à la fête” : les battages, les pardons, les fêtes des saints... Les gens avaient sans doute moins de vacances qu’aujourd’hui, ils n’avaient pas deux ou trois semaines d’affilée pour
partir, mais la vie était rythmée par beaucoup de fêtes, où se mêlaient intimement le profane et le sacré, avec une dimension communautaire très présente. Actuellement, j’ai l’impression que les fondements de la société traditionnelle sont assez largement cassés. On nous sort des fêtes obligatoires, artificielles, de la République : le 8 mai, le 14 juillet, voire la Fête de la musique, où tout le monde doit s’amuser en même temps, sur ordre. Ça me paraît à la fois triste et dangereux.
Il reste une particularité bretonne : les festivals. On a ici les Vieilles Charrues et le Festival Interceltique, qui sont parmi les plus importants de France voire d’Europe…
Tout à fait. Je ne les ai pas comptés, ni en nombre de festivals ni en nombre de festivaliers, mais on le remarque souvent et les visiteurs le notent : il y a ici beaucoup de festivals. Une autre particularité est la densité de festivals qui ne sont pas des festivals de commande, subventionnés de A à Z par l’État comme le sont Les Francofolies de La Rochelle ou Le Printemps de Bourges, mais des festivals créés par les gens, par la base, et qui vivent par les gens et par la base, animés par des bataillons de bénévoles.
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Retrouvez la suite de cet entretien dans le magazine Bretons n°168 d'octobre 2020.