URBANISMEDix ans après l’incendie, cette place de Rennes va effacer ses cicatrices

Rennes : Dix ans après l’incendie, la place Saint-Michel va enfin effacer ses cicatrices

URBANISMELe projet immobilier porté par le groupe Giboire était bloqué par le refus de certains propriétaires de faire des travaux
Camille Allain

Camille Allain

L'essentiel

  • Un projet immobilier est bloqué depuis des années à Rennes en raison de procédures juridiques interminables.
  • Ravagés par un incendie en 2010, les immeubles de la place Saint-Michel vont bientôt être reconstruits par le promoteur Giboire.
  • Cela fait dix ans que des travaux de consolidation des bâtiments restant sont attendus.

Ce soir du 21 juin 2010, des milliers de personnes sont passées sous les fenêtres de la place Saint-Michel. Enivrée par les rythmes de la Fête de la musique, Rennes ne pensait sans doute pas que l’une de ses cartes postales disparaîtrait à jamais ce soir-là. Ravagés par un incendie, les immeubles à pans de bois n’ont pas pu être sauvés. Pire. Depuis dix ans, ils présentent encore les cicatrices de cette nuit de feu. Très vite, la ville avait désigné le groupe Giboire pour reconstruire la place. S’il ne fait pas l’unanimité, le projet du promoteur immobilier avait été validé dès 2014. Mais il n’a jamais pu démarrer, en raison de la fragilité des immeubles voisins et du refus des propriétaires d’engager des travaux. Une situation inextricable qui semble sur le point de prendre fin. Cet été, le groupe Giboire a pu mener des travaux de déconstruction en vue d’engager son chantier.

Un soulagement ? « On va parler de satisfaction plutôt », glisse-t-on chez Giboire, non sans un sourire. « Nous avons profité d’une période de creux dans le chantier voisin pour déconstruire les restes de certains bâtiments qui étaient en très mauvais état », détaille Alexandre Racine, directeur du programme chez Giboire. Prudent, le promoteur espère pouvoir démarrer le chantier de construction de son bâtiment de 13 logements et d’un commerce « fin 2020 ou début 2021 » et aimerait le terminer « au premier semestre 2022 ». Mais les rebondissements successifs de ce dossier invitent à la modestie.

Le visage de la future place Saint-Michel, à Rennes, ravagée par un incendie en 2010.
Le visage de la future place Saint-Michel, à Rennes, ravagée par un incendie en 2010. - Giboire Immobilier

Depuis 2010 et l’incendie, d’innombrables contentieux ont opposé les propriétaires des bâtiments restant, leurs assureurs et la ville. « Tout le monde ici est victime. Ce serait trop facile d’accuser les propriétaires de tel ou tel immeuble. Certains ont dû engager des procédures contre leurs assureurs qui ne voulaient pas les indemniser », rappelle Me Sébastien Collet. L’avocat a longtemps défendu le propriétaire du bâtiment situé à l’angle de la place, le seul qui soit resté debout. « La ville voulait le détruire pour avoir la main sur le chantier. Mais il n’y avait aucune raison de le démolir ». Son client a obtenu gain de cause et réussi à sauver l’immeuble, moyennant « plusieurs centaines de milliers d’euros de travaux ».

Un mur de briques a été monté

Ses voisins n’ont pas été aussi volontaires. Le syndic BGM gérant les bâtiments fragilisés n’a pas semblé pressé d’engager des travaux pour étayer les immeubles, bloquant le chantier de Giboire. Contre toute attente, la consolidation de l’immeuble a débuté l’an dernier et un mur de briques a été monté. Mais rien n’avance depuis le confinement. « Ils n’ont rien fait pour faire avancer le dossier. Cet endroit, c’est devenu un no man’s land, un dépotoir », peste le patron du restaurant Le Pavillon, qui voit sa terrasse être entourée de palissades depuis des années. Quand les travaux reprendront-ils ? Impossible à dire. Contacté, le syndic n’a pas donné suite à nos sollicitations.

Il y a deux ans, il s’était attiré les foudres de la maire Nathalie Appéré. « Tout est prêt. Mais on fait face à des propriétaires qui refusent d’engager les travaux. Il faut que les Rennais sachent », avait taclé la maire. S’il a fallu attendre dix ans, le chantier semble aujourd’hui bien engagé.