VIDEO. Déconfinement à Rennes : Les bars et restaurants ont rouvert, les clients privilégient la terrasse
DECONFINEMENT•Dans la capitale bretonne, la météo a permis aux bistrots d’attirer les clients en extérieurCamille Allain
L'essentiel
- A Rennes, les bars et restaurants ont rouvert ce mardi et les clients étaient au rendez-vous.
- Si la ville a proposé d’agrandir certaines terrasses, certains craignent que cela ne crée des inégalités entre les établissements.
- Dans le centre ancien, certains bistrots sont étriqués et ne disposent pas toujours d’une terrasse.
La place Saint-Michel n’attendait que ça. Ce mardi matin, le personnel des bistrots situés entre la rue de la Soif et la place des Lices a repris son ballet habituel. Dès l’aube, ils ont sorti leurs chaises et tables et installé leur terrasse sous un soleil quasi estival. A Rennes comme partout ailleurs en France, les bars et restaurants ont pu rouvrir ce mardi après deux mois et demi de fermeture imposée en raison de l’épidémie de coronavirus. Les clients semblaient au rendez-vous mais privilégiaient souvent la terrasse en raison de la météo radieuse. Certains établissements n’ayant pas d’extérieur craignent une grosse baisse d’activité.
« Il y avait un peu d’impatience pour nous, mais pour les clients aussi. Tout le monde nous le dit ». Philippe est le patron du Scoop, un bar situé en haut de la place des Lices. Depuis qu’il a rouvert son établissement ce mardi à 8 heures, les tables de sa terrasse accueillent régulièrement des Rennais, impatients de reprendre un pot dans l’un des nombreux zincs de la capitale bretonne. Le patron ne doutait pas que ses clients reviendraient vite. « Ce sont surtout les touristes qui vont nous manquer », explique Philippe, la bouche et le nez cachés derrière un masque noir.
A quelques pas de là, Maxence, responsable de salle de la Crêperie Rennaise termine d’installer la terrasse. Lui n’ouvrira que ce mercredi afin que la cuisine se mette en place et prépare tranquillement ses pâtes à crêpes et galettes. « Mon patron nous a dit qu’on n’aura pas grand monde. Moi, je pense qu’on va bien travailler », explique le jeune homme.
Les touristes espagnols ? « On ne sait pas quand on les reverra »
Situé sur la place Rallier-du-Baty, le restaurant sait qu’il va retrouver ses fidèles clients très rapidement. Mais il ignore comment il va faire face à la fermeture prolongée du centre des congrès situé dans le proche couvent des Jacobins. « Quand il y a des événements, la terrasse est remplie en quelques minutes. On accueille beaucoup de touristes aussi, notamment des Espagnols. On ne sait pas quand on les reverra ».
Dans la rue Saint-Michel, la fameuse rue de la Soif, René finit de ranger sa marchandise. Le patron de Monsieur le Zinc va profiter des beaux jours pour agrandir sa terrasse et gagner quelques places assises. « C’est une rue très étudiante donc on va sans doute mettre un peu plus de temps à retrouver une vie normale. Mais je ne m’en fais pas, ça reviendra ».
Comme beaucoup de bistrots du centre ancien, l’intérieur de son bar est un peu étriqué. Mais lui n’a pas perdu beaucoup de tables en raison de la distanciation sociale imposée par le gouvernement. Pour aider les commerçants, la ville de Rennes a d’ailleurs autorisé l’agrandissement des terrasses extérieures, parfois en interdisant la circulation des véhicules le week-end. Une bonne nouvelle pour ceux qui peuvent s’étendre mais un vrai souci pour les bistrots des ruelles étroites. « Ce que propose la mairie, c’est très bien, tant que ça reste équitable. Il ne faudrait pas qu’on voie 1.000 places de créées sur le mail et zéro dans la rue Saint-Melaine », résume Max, le patron du P’tit Vélo.
« Si vous avez peur, restez chez vous »
Son établissement, une institution de la vie nocturne rennaise, a la chance d’avoir une belle terrasse sur la place Saint-Michel. Mais le soir, ce bar de nuit va devoir limiter sa jauge à l’intérieur. « Notre configuration habituelle, c’est de voir des gens debout, serrés. On a dû tout revoir ». Dans le bar, 60 places assises seront maintenues. Les clients souhaitant rentrer devront patienter dehors en attendant qu’une table se libère. « C’est un truc qu’il va falloir gérer, fliquer un peu les gens ». Si le patron assure « tout mettre en œuvre », pour respecter les mesures sanitaires, il est aussi catégorique sur l’attitude de ses clients. A l’entrée de son bar, un panneau affiche la couleur. « Si vous avez peur, restez chez vous ».
Le sentiment est partagé par Arnaud, le patron du Tio Paquito. « Je préfère fermer deux mois de plus mais reprendre à 100 %. Le soir, je ne sais pas si on restera ouverts quand on aura rentré la terrasse. On ne va pas bosser si on n’a que quelques clients à l’intérieur ». Le patron s’inquiète surtout de la météo. Lui qui possède une belle terrasse va profiter à fond des jours de beau temps. « Mais on nous annonce de la pluie dès mercredi. Est-ce que je vais ouvrir ces jours-là ? Ce sera du cas par cas ».
« Un peu comme si rien ne s’était passé »
Assis en terrasse, un groupe d’étudiants en médecine profite de sa première tournée de sodas et cafés. « On est venus là pour se retrouver après notre stage. Ça fait du bien. C’est un peu comme si rien ne s’était passé », explique Léo. Assise en face, Loïse profite aussi de l’instant. « Il n’y a pas encore trop de monde, c’est agréable. Je ne sais pas si je serais venue si c’était bondé ». Célèbre pour sa vie nocturne, Rennes retrouve petit à petit ses habitudes. Mais il va sans doute lui falloir un peu de temps avant de se lâcher.