EPIDEMIEPour le BTP breton, il y a urgence à redémarrer les chantiers

Coronavirus en Bretagne : « 70 % des chantiers sont à l’arrêt »… Pour le BTP, il y a urgence à redémarrer

EPIDEMIELa région est la moins touchée par l’épidémie de Covid-19 mais la construction peine à redémarrer
Camille Allain

Camille Allain

L'essentiel

  • Les organismes de construction et les professionnels du BTP bretons ont signé une charte d'engagement ce mercredi à Rennes.
  • Le document vise à faire reprendre les nombreux chantiers de construction à l'arrêt depuis le début du confinement.
  • «On ne peut pas évoluer les surcoûts générés par l’épidémie», estime le patron du BTP breton. Les différents acteurs s'engagent à payer de manière équitable.

«J’ai vu les grues recommencer à bouger lundi ». Cet habitant de Beauregard pourrait se considérer comme une vigie de la santé du BTP breton. Dans ce quartier champignon de Rennes, les chantiers de construction sont tellement nombreux qu’ils illustrent à eux seuls la santé du secteur du bâtiment. Mais depuis le début du confinement, tous étaient à l’arrêt.

Dans la région, la plupart des constructeurs avaient interrompu leurs chantiers à l’annonce des premières mesures de confinement. « C’était une action de prudence et de responsabilité vis-à-vis de la santé de nos salariés », estime Hugues Vanel. Selon les chiffres du président régional de la Fédération française du bâtiment, 70 % des chantiers bretons seraient actuellement arrêtés. Mais lui, comme la plupart des constructeurs, aimerait voir les travaux redémarrer. « Nous sommes l’une des régions les moins touchées par l’épidémie mais nous sommes l’un des territoires où le taux de reprise est le plus bas. La situation n’est pas tenable », estime Hugues Vanel.

« On ne peut pas évoluer les surcoûts générés par l’épidémie »

Pour tenter de faire redémarrer le secteur du BTP, plusieurs acteurs de la filière viennent de signer une charte impliquant notamment les bailleurs sociaux et les organismes publics d’habitats sociaux. « En Bretagne, environ 350 chantiers publics sont à l’arrêt et plus de 200 concernent des HLM. Nous espérons une reprise d’au moins un tiers d’ici la fin du mois », lance Marcel Rogemont, président de l’Association régionale des organismes HLM de Bretagne (ARO).

En s’appuyant sur le guide édité par l’Organisme professionnel de prévention du bâtiment et des travaux publics, les acteurs de la construction souhaitent trouver des solutions permettant aux différents corps de métier de cohabiter. Mais ils se sont surtout mis d’accord pour « partager les coûts » liés au coronavirus. « On ne peut pas évaluer les surcoûts générés par l’épidémie. Cela dépend de l’avancée du chantier, de sa taille. On le fera projet par projet, entreprise par entreprise », assure Hugues Vanel. « Oui, ce sera ralenti, car nous allons devoir revoir l’ordonnancement et cela va rallonger les délais », reconnaît Yves-Marie Maurer, de l’ordre des Architectes de Bretagne.

Une organisation qui « va peut-être durer encore longtemps »

Avec cette charte signée ce mercredi à Rennes, les acteurs de la construction s’engagent à « se parler » mais surtout à « partager les coûts, dans les capacités de chacun ». D’autant que la situation va être amenée à durer dans les chantiers du BTP. « Le confinement va peut-être s’arrêter au 11 mai mais ce ne sera pas la fin de l’urgence sanitaire. Notre organisation va peut-être durer encore longtemps ».

Alors que le secteur veut redémarrer pied au plancher, faut-il s’inquiéter d’une pénurie de matériaux ? Ses acteurs assurent que non. « Nous n’avions plus de béton car la chaîne d’approvisionnement était rompue. Mais tout le monde s’est organisé ».