MUSIQUEMartin Provost, l'homme qui aimait les femmes

Brest : Martin Provost, l'homme qui aimait les femmes

MUSIQUEDepuis son film révélation, Séraphine, multi-récompensé aux Césars 2008, jusqu’au dernier-né, La Bonne Épouse, qui paraît ces jours-ci, le réalisateur brestois Martin Provost façonne une œuvre cinématographique singulière dans le paysage français du septième art
Régis Delanoë - Bretons

Régis Delanoë - Bretons

C’est l’histoire d’une libération. Celle des femmes à partir de la fin des années 1960, avec en point d’orgue les évènements de Mai 68.

Dans La Bonne Épouse, son septième long-métrage qui paraît ces jours-ci, le réalisateur Martin Provost a décidé de parler de cette période charnière où des carcans séculaires ont sauté, soudainement ou presque. « Il y avait déjà eu pour elles le droit de vote, mais son application était encore récente (en 1944, ndlr) et l’époque était encore largement à un modèle social dominant limitant la place de l’épouse aux tâches ménagères », fait-il observer.

C’était généralement l’homme qui travaillait et détenait seul les cordons de la bourse familiale, la femme restant à la maison pour lui repasser ses chemises, lui préparer ses bons petits plats et aider les enfants à faire leurs devoirs. Dans la France de la Quatrième République et jusque sous de Gaulle, c’est ainsi que la société idéalisée était organisée et même institutionnalisée, avec, pour mesdemoiselles, comme unique horizon, celui de se former à leur futur quotidien au sein d’écoles ménagères.

Un contexte charnière du printemps 1968

« Je n’avais que vaguement entendu parler de ce genre d’institution, jusqu’à ce que je discute un jour un peu par hasard en Normandie avec une vieille femme qui m’expliquait que, dans ses jeunes années, elle avait suivi ce type de cours de tâches domestiques. Après quelques recherches, j’ai pris conscience de ce monde oublié et pourtant pas si ancien, qui a des résonances encore aujourd’hui avec nos modèles préconçus. L’idée d’en faire un film était née. » Ce sera La Bonne Épouse, récit d’une directrice d’école ménagère (jouée par Juliette Binoche), assistée d’une facétieuse cuisinière (Yolande Moreau) et d’une religieuse (Noémie Lvovsky), dont la vie bascule à la mort soudaine de son mari (François Berléand) et aux retrouvailles avec son ancien amour d’adolescence (Édouard Baer), dans ce contexte charnière du printemps 1968 propice aux rébellions des pensionnaires et à leurs envies d’émancipation… Une comédie sociale et historique où Martin Provost, comme il en a pris l’habitude, rend un hommage appuyé à ces femmes courageuses qui poussent les contours du cadre où la société a tendance à vouloir les enfermer.

« Je n’étais pourtant pas spécialement féministe à mes débuts dans le cinéma, en tout cas pas au sens militant du terme, confesse-t-il. Mais c’est avec Séraphine que j’ai fini par le devenir et par prendre conscience de l’importance de ce combat auquel je contribue modestement avec ce que je sais faire de mieux : des films. »

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Retrouvez la suite de cet article dans le magazine Bretons n°162 de mars 2020

Magazine Bretons n°162 - Mars 2020
Magazine Bretons n°162 - Mars 2020 - Bretons

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