MOBILITESRennes sur le podium des villes cyclables, récompense méritée ou surprise ?

Rennes sur le podium des villes cyclables, récompense méritée ou vraie surprise ?

MOBILITESLa capitale bretonne a gagné une place au palmarès présenté jeudi par la Fédération des usagers de la bicyclette à Bordeaux
Illustration de cyclistes, circulant ici sur une piste cyclable boulevard de Chézy à Rennes.
Illustration de cyclistes, circulant ici sur une piste cyclable boulevard de Chézy à Rennes. - C. Allain / 20 Minutes
Camille Allain

Camille Allain

L'essentiel

  • Le palmarès des villes cyclables de la Fédération des usagers de la bicyclette classe Rennes en troisième position, derrière Strasbourg et Nantes.
  • Si les cyclistes sont de plus en plus nombreux à Rennes, de nombreux aménagements sont encore réclamés par les usagers.
  • La capitale bretonne brille en revanche pour les services rendus comme la location de vélos à assistance électrique.

EDIT. La ville de Rennes a contacté «20 Minutes» pour apporter des précisions sur les effectifs alloués à la politique vélo. Nous avons ajouté ces informations dans le paragraphe concerné.

Il y a des signes qui ne trompent pas. Dans les sas vélo au pied des feux tricolores de Rennes, les deux-roues sont de plus en plus nombreux. Oui, les cyclistes se sont taillé une place dans les rues de la capitale bretonne. Présenté jeudi à Bordeaux, le palmarès des villes cyclables établi par la Fédération des usagers de la bicyclette le confirme. Dans la catégorie des villes de plus de 200.000 habitants, Rennes y a gagné une place par rapport à 2018 et se hisse sur le podium, derrière l’indétrônable Strasbourg et la voisine Nantes. Faut-il y voir une nette amélioration de la situation du vélo à Rennes ? Oui et non. Voici le palmarès de 20 Minutes.

Prix de la combativité. Il aura fallu batailler mais le projet est passé. Le réseau XL de 16 kilomètres de voies cyclables sécurisées a été voté au cours du mandat et les premiers aménagements ont payé. Sur les quais de la Prévalaye ou boulevard de Chézy, des pistes bidirectionnelles ont été réalisées en lieu et place d’une voie de circulation automobile. Colère dans les voitures, joie sur les pédales.

« C’est ce genre d’aménagements qu’il faut proposer. Cela donne confiance aux gens, ils se sentent en sécurité et se mettent en selle », estime l’adjointe aux mobilités Sylviane Rault. Les travaux ont payé puisque le nombre de cyclistes a immédiatement grimpé en flèche sur ces axes. Les associations d’usagers applaudissent… Et en réclament plus.

Prix de l’innovation. Si Rennes a gagné une place au palmarès de la FUB, c’est avant tout grâce à l’amélioration de ses services. Les locations longue durée de vélos électriques, les pompes dans la rue, les 950 places de parking sécurisées (et gratuites) sont autant d’atouts pour les cyclistes qui se voient chouchoutés. Un vrai confort pour les usagers déjà « convertis » mais souvent insuffisant pour attirer de nouveaux adeptes de la bicyclette.

L’enquête ménages dévoilée l’an dernier a révélé que la part modale des cyclistes à Rennes n’avait pas progressé et restait autour de 10 % pour les trajets domicile-travail. Bien loin des 20 % annoncés en début de mandat. « C’était ambitieux mais je pensais que c’était atteignable. Je suis persuadée que les investissements menés vont payer dans les années à venir », estime l’élue écologiste.

Prix du pneu percé. Si la situation s’est améliorée à Rennes, l’association d’usagers Rayons d’action regrette que « le manque de moyens humains soit criant », selon Florian Le Villain. « On ne peut pas se contenter de la vision d’une seule personne », estime l’association, en référence au « monsieur vélo » de la métropole. La collectivité a contacté 20 Minutes pour apporter des précisions. La ville précise que deux agents sont dédiés au vélo au sein du service des mobilités urbaines, auxquels il faut ajouter sept chargés d'études plus généralistes sur la mobilité qui travaillent aussi sur le vélo. Des effectifs auxquels on peut ajouter un référent vélo au sein de la direction des infrastructures, des chargés d’opération et la direction de la voirie, qui réalise les aménagements. La ville précise qu'elle a mis en place des mesures incitatives à destination de ses agents et qu'elle oeuvre dans les écoles pour encourager la pratique.

Prix de la sonnette d’alarme. En novembre, une jeune cycliste est décédée après avoir été percutée par un camion alors qu’elle traversait un carrefour. « Plus jamais ça », a-t-on pu entendre ici et là. La ville a identifié 37 carrefours jugés dangereux qu’elle va traiter à court ou moyen terme. « Si nous voulons inculquer une culture vélo, il faut de grands aménagements mais aussi réduire les flux de circulation, qui créent un sentiment d’insécurité », estime Florian Le Villain. Son association aimerait par exemple que les enfants aillent à l’école à vélo. « Pour beaucoup, c’est jugé trop dangereux ».

Prix du grupetto. Si les cyclistes sont plus nombreux à Rennes, on peut s’interroger sur la vision métropolitaine du sujet. Dans l’enquête de la FUB, l’accès aux autres communes de la métropole a été très critiqué par les usagers. Pour y répondre, le nouveau plan de déplacement urbain a voté en faveur de l’ouverture de cinq itinéraires sécurisés reliant Rennes à ses voisines du Rheu, de Pacé, de Saint-Grégoire, de Cesson-Sévigné et de Chartres-de-Bretagne.