Daniel Cueff, “Je suis dans mon rôle en protégeant la population contre les pesticides”
Bretagne•Le 18 mai dernier, le maire de Langouët, petite commune distante d’une vingtaine de kilomètres de Rennes, a pris un arrêté interdisant l’usage des pesticides à moins de 150 mètres des habitations. Même si cette mesure est contestée par la préfecture, Daniel Cueff n’en démord pas : c’est une question de protection de la santé publique...Maiwenn Raynaudon-Kerzerho - Bretons
Le Figaro, Le Monde, France 2, LCI… Le village de Langouët, 600 habitants, à une vingtaine de kilomètres au nord de Rennes, s’est soudain retrouvé au printemps sous le feu des projecteurs de l’actualité. En réalité, quelques médias s’étaient déjà penchés sur cette commune bretonne avant-gardiste sur le plan de l’écologie. Ici, la cantine scolaire est bio depuis 2003 – tout en étant moins chère que celle de la plupart des autres municipalités alentour –, des panneaux solaires fournissent toute l’énergie des bâtiments publics…
Mais c’est le dernier coup d’éclat du maire, Daniel Cueff, qui lui a valu une accélération soudaine de sa notoriété. Le 18 mai dernier, l’élu a pris un arrêté municipal, interdisant l’usage des pesticides à moins de 150 mètres des habitations. Une réponse aux carences de l’État en matière de protection de la population, affirme-t-il. Une mesure hors-la-loi, répond la préfète, Michèle Kirry. Daniel Cueff, aux convictions écologistes et régionalistes bien ancrées, lui, se dit prêt, s’il le faut, à aller jusqu’au tribunal.
ENTRETIEN:
BRETONS : Le 18 mai dernier, vous avez pris un arrêté interdisant l’usage des pesticides à moins de 150 mètres d’une habitation. Pourquoi ?
DANIEL CUEFF : La commune de Langouët est assez connue pour tout le travail qu’elle a fait depuis vingt ans sur les questions écologiques. Nous avons une cantine 100 % bio depuis quinze ans, on produit l’intégralité de notre consommation électrique par des panneaux photovoltaïques pour tous les bâtiments publics, nous avons construit du logement social écologique… Bref, on a beaucoup avancé, en tout cas on a fait notre part du chemin, et on se heurte à un problème : la métamorphose de l’agriculture. Trois agriculteurs issus de familles installées de longue date sur la commune, à la faveur de la transmission à leurs enfants, sont passés au bio. Aujourd’hui, ce sont des réussites économiques, ce sont des stars du village. Et d’autres du même âge, qui ont aussi succédé à leurs parents, ont continué à s’engouffrer dans une agriculture chimique, qui est de moins en moins supportée par la population, qui est très informée, grâce à la presse, aux médias. Les émissions d’Élise Lucet, la démission de Nicolas Hulot ou les informations sur Monsanto ont beaucoup frappé les esprits. Les gens ont pris l’habitude de s’informer et sont très inquiets pour eux-mêmes ou leurs enfants quand ils voient des épandages de pesticides à proximité de leurs habitations.
Comment ont réagi les agriculteurs de votre commune ?
Il y a quatre types de réactions. D’abord, des gens assez militants contre les pesticides, qui sont chaudement partisans de l’arrêté. D’autres qui habitent ici depuis longtemps, et qui me disent : On ne savait pas comment leur dire d’arrêter avec ça, vous l’avez fait, merci. Les agriculteurs bio, eux, sont fous de joie, parce que c’est une façon de protéger leur propre culture. Et quatrièmement, ceux qui sont très en colère, considérant que c’est une attaque frontale contre leur façon de faire de l’agriculture.
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Retrouvez l'intégralité de cet entretien dans le Magazine Bretons n°156 d'août-septembre 2019.