Rennes: Urine, mégots, déchets… Comment le plan propreté tente de rendre propres les rues de la ville?
PROPRETÉ•La ville présente ce mercredi au grand public ses actions menées depuis la fin 2017Manuel Pavard
L'essentiel
- La ville de Rennes organise ce mercredi un événement pour sensibiliser le public à la propreté urbaine.
- Fin 2017, un grand plan propreté a été lancé, prévoyant notamment d'installer un certain nombre d'équipements supplémentaires dans les rues (cendriers de rue, WC ou urinoirs mobiles, sacs à déjection canine, etc...).
- Chez les habitants, les avis sur la propreté de Rennes divergent, même si certains d'entre eux louent une relative amélioration.
Rennes est-elle une ville propre ? Si la question divise la population, Cyrille Morel, conseiller municipal délégué à la propreté, se veut plutôt positif. « Quand on pose la question aux non-Rennais, on a plutôt le sentiment qu’on est sur la bonne voie », estime-t-il, tout en admettant que « tout n’est pas parfait ».
Un constat confirmé par Benjamin et Iohanna, un couple de trentenaires arrivé l’été dernier dans la capitale bretonne. « La rue de la soif jonchée de canettes de bières et de mégots le jeudi soir, c’est un cliché mais ça ne représente pas Rennes, assurent-ils. On a vécu dans plusieurs villes avant et ici, les trottoirs sont plutôt clean, on ne risque pas de marcher sur une crotte de chien tous les 10 mètres. »
Mais si les rues rennaises ne ressemblent pas à un dépotoir géant, ce n’est pas dû uniquement à un élan de civisme massif des habitants. Chaque jour, c’est en effet le travail des agents et les différents dispositifs mis en place par les collectivités qui contribuent à les rendre plus propres. Des actions que la ville de Rennes et Rennes métropole présenteront ce mercredi, sur l’esplanade du Général de Gaulle, à l’occasion d’un événement destiné à sensibiliser le public à la propreté urbaine.
Plus de WC publics et des urinoirs mobiles
Les services municipaux y décrypteront notamment le plan propreté lancé à l’automne 2017. Cyrille Morel détaille les trois axes principaux de ce plan. Premièrement, « la prévention et la communication ». « Beaucoup de règles étaient peu ou mal connues du grand public », souligne l’élu, citant l’exemple de « quelqu’un qui met un sac de déchets à côté de la corbeille alors que c’est interdit et verbalisable ». Une campagne d’affichage a ainsi été menée l’an dernier sur les dépôts sauvages.
Deuxième axe, « le traitement et les équipements ». Sur ce point, de nombreux dispositifs ont été expérimentés par la ville. « Pour les pipis sauvages, explique Cyrille Morel, on a augmenté le nombre de WC publics. Il y en a désormais 74 gérés par la ville, dont un certain nombre sont ouverts 24 heures sur 24 et sept jours sur sept. Et depuis le 1er janvier, tous sont gratuits. » A côté des WC publics, cinq urinoirs mobiles, customisés par un artiste de street art, sont également installés en centre-ville les jeudis et vendredis soir, d’avril à octobre.
Cendriers de rue et déchetterie mobile
Pour lutter contre les mégots de cigarettes, près de 190 cendriers de rue sont aujourd’hui accessibles dans toute la ville. Et « la mise en place de cendriers de vote, votée dans le cadre du budget de participatif, est actuellement en cours de finalisation », ajoute l’élu à la propreté. Deux de ces cendriers géants interactifs sont déjà présents devant les lycées Jean Jaurès et de La Salle et un troisième verra bientôt le jour devant le lycée Émile Zola.
Parmi les autres actions menées, citons la déchetterie mobile, en service depuis janvier dans différents quartiers, « la hausse du nombre de corbeilles équipées d’un bac pour la collecte sélective », « l’acquisition de matériel et d’une laveuse pour nettoyer les tags » ou encore « la lutte contre les déjections canines avec la mise à disposition de sacs chez les commerçants du centre-ville », énumère Cyrille Morel.
« Les femmes mises de côté » avec les urinoirs
Enfin, troisième et dernier axe, la verbalisation. Les amendes pour l’affichage sauvage ont ainsi été revues à la hausse, passant à 30 euros, tandis que celles pour les dépôts sauvages reviennent à 68 euros. Concernant cette dernière, « des frais d’enlèvement de 150 euros peuvent être facturés par la ville, en plus de l’amende », indique le conseiller municipal.
Un an et demi après le coup d’envoi de ce plan propreté, quel bilan en tirent les habitants ? Dans les rues pavées du centre-ville, les avis des riverains et commerçants divergent. Gérante de L’Oubliette, boutique vendant des bijoux fantaisie, Kristina Monroy ne voit ainsi « aucune amélioration ». « C’est très sale et même de pire et pire, affirme-t-elle. On a des vomis, des mégots qui traînent partout, des crottes de chiens… Les urinoirs mobiles ne servent à rien, en plus les femmes sont mises de côté. Il manque des toilettes publiques. »
« C’est d’abord aux gens de se responsabiliser »
Le son de cloche est radicalement différent chez Élodie Lamazure, pharmacienne place Saint-Michel. « Quand j’arrive au travail le matin, c’est plutôt propre, note-t-elle. Les agents passent avant l’ouverture de la pharmacie et sont très efficaces pour nettoyer, surtout dans un quartier aussi dense. Idem le soir, je n’ai pas à me plaindre. »
Pour Benjamin et Iohanna, « toutes les actions du monde n’y changeront pas grand-chose » de toute façon : « C’est d’abord aux gens de se responsabiliser, s’il n’y avait pas autant de gens dégueulasses, on n’aurait même pas ce débat. »