Rennes: Une coopérative funéraire permettra bientôt d'organiser des obsèques plus personnalisés
NOS FUNÉRAILLES•Le collectif à l’origine du projet entend impliquer davantage les familles des défuntsManuel Pavard
L'essentiel
- Un collectif de citoyens va lancer dans les mois à venir une coopérative funéraire à Rennes, la seconde structure du genre en France après celle de Nantes.
- L'objectif est d'associer les proches à toutes les étapes de l'organisation des obsèques.
- Les funérailles ne seront pas obligatoirement moins chères mais les concepteurs du projet promettent un meilleur accompagnement.
Quand la réalité rejoint la fiction… Dans Six Feet Under, les deux frères et héros Nate et David Fisher voient leur petite société familiale de pompes funèbres susciter les convoitises des mastodontes du secteur. La série culte de HBO a beau avoir tiré sa révérence il y a 14 ans, le scénario d'Alan Ball n’a pourtant pas pris une ride. Illustration en France où « deux grandes enseignes de pompes funèbres sont en train de racheter toutes les entreprises » plus modestes, pointe Isabelle Georges. Toutes sauf la future coopérative funéraire dont cette Rennaise porte le projet. Une structure qui n’est par essence « pas rachetable puisqu’elle ne comporte pas d’actionnaires ».
Isabelle Georges a découvert le concept lors d’un voyage professionnel à Montréal (Canada) en 2011, alors qu’elle était directrice d’un groupement d’employeurs. Sur le coup, elle est simplement « intriguée ». Mais en 2015, elle se retrouve confrontée à l’organisation des obsèques d’un proche. « Ce qu’on me proposait ne me convenait pas », raconte-t-elle, se souvenant du « sentiment de malaise » alors ressenti. « C’était très formaté, très vieillot, je n’avais pas l’impression d’être écoutée. »
Les proches du défunt auront leur mot à dire à chaque étape
Lui revient alors en mémoire la présentation de la coopérative funéraire du Québec, qu’elle aura l’occasion de mieux connaître un an plus tard en y travaillant, après avoir suivi son conjoint au Canada. Revenue « convaincue » dans l’Hexagone, elle décide de tenter le grand saut. Celle qui « ne venait pas du milieu funéraire » va se rapprocher de la coopérative de Nantes, la seule du genre en France, puis se former à la profession.
En juin 2018, le projet est lancé sur les rails à Rennes et un collectif de 15 personnes constitué pour l’accompagner. Une coopérative funéraire est « une entreprise de pompes funèbres qui intervient depuis le décès de la personne jusqu’à sa dernière demeure », explique Isabelle Georges. L’objectif premier, souligne-t-elle, est « d’impliquer les familles dans l’organisation des obsèques et non de fournir du clé en main ».
Les proches du défunt auront ainsi leur mot à dire à chaque étape : la décoration, le choix du cercueil ou de l’urne, les différentes interventions lors de la cérémonie, l’organisation du repas… « On souhaite proposer des funérailles plus respectueuses des personnes, des salariés et de l’environnement », indique Isabelle Georges. Pour illustrer ce dernier point, elle cite en exemple « les matériaux utilisés sur le cercueil » ou une paysagiste membre du collectif qui « veut mettre plus de végétal » aux enterrements.
« Pas de low cost » mais un accompagnement à la carte
« On ne veut pas que ces moments-là soient laissés aux mains des marchands », ajoute-t-elle en opposant la coopérative, propriété de ses membres, aux autres entreprises de pompes funèbres qui « appartiennent à des fonds de pension » et ont donc « un objectif de rentabilité ».
Les familles pourront-elles espérer des tarifs moins prohibitifs que ceux des obsèques traditionnelles ? Difficile de donner des chiffres significatifs avec une telle formule à la carte. « On ne fera pas du low cost », prévient toutefois Isabelle Georges, avant de préciser : « Une coopérative n’a pas le même modèle économique qu’une entreprise classique qui fait sa marge sur la vente de produits. Notre forfait de base sera plus élevé mais au final, la facture devrait être moins élevée à qualité d’accompagnement équivalente. »
Si la coopérative est actuellement toujours en quête de locaux rennais, la structure juridique - pour laquelle seront recrutés trois ou quatre salariés - devrait bien être lancée en juin prochain. Des préliminaires à l’ouverture de l’activité, le jour J étant prévu pour le mois de septembre.