Jean-Yves de Chaisemartin : “Les réseaux sociaux sont une déviance de l’idée de démocratie”
ENTRETIEN•Le maire UDI de Paimpol, quarantenaire hyperconnecté, a décidé de se retirer de tous les réseaux sociaux. Anonymat, manipulation des données… Il en pointe les dérives, qu’il relie à la crise démocratique actuelle...Propos recueillis par Maiwenn Raynaudon-Kerzerho - Bretons
Bretons : Pourquoi avoir pris la décision de quitter les réseaux sociaux ?
Jean-Yves de Chaisemartin : J’étais très connecté, j’ai trois comptes Facebook, mais aussi Twitter, Instagram, Tumblr… Je crois que je les ai tous ! Je pense qu’il n’y a pas de support plus passionnant, plus intriguant que cette mise en relation virtuelle, qui m’a permis de retrouver beaucoup de contacts, de partager des nouvelles avec beaucoup d’amis. J’ai été le premier à me lancer à corps perdu dans les réseaux sociaux.
Vous étiez effectivement un utilisateur assidu…
Plus qu’assidu ! J’étais connecté à longueur de journée.
Avec une frontière assez ténue entre votre vie publique et votre vie privée : vous postiez des photos de votre conjoint, de votre fils…
C’est le principe qui veut qu’il n’existe plus de frontière entre vie privée et vie publique. J’ai des choix personnels qui peuvent surprendre, qui ne sont pas classiques ou courants, c’était donc une façon pour moi de jouer la transparence totale, de permettre des incursions dans ma vie et mes choix privés. Mais je me suis rendu compte de la lente dérive de ces réseaux sur trois niveaux. Le premier et le plus grave, c’est l’autorisation de l’anonymat. Permettre l’anonymat, l’existence de faux profils, mène aux dérives les plus graves : propos racistes, identitaires, homophobes, antisémites… Les réseaux sociaux sont devenus un support privilégié pour exprimer le rejet de l’autre, des propos condamnables sous couvert d’anonymat, grâce à l’absence de responsabilité éditoriale. C’est le cas pour les auteurs mais aussi pour les plateformes. Le magazine Bretons a un directeur de publication, qui est responsable de tout ce qui est publié dans ses pages. Pas Facebook ou Twitter. C’est la plus grave dérive : il n’y a aucun contrôle. Or, il n’y a pas de vraie liberté sans cadre...
Retrouvez la suite de cet entretien dans le magazine Bretons n°151 de mars 2019