SOCIALLe seul restaurant de Rennes où les tables sont réservées aux sans-abri

Rennes: Le Fourneau, le seul restaurant où les tables sont réservées aux sans-abri

SOCIALLe restaurant social Leperdit a été rénové et agrandi pour mieux accueillir les bénéficiaires...
Camille Allain

Camille Allain

L'essentiel

  • A Rennes, le restaurant social Leperdit a été agrandi et rénové. Le matériel était devenu vétuste.
  • Le restaurant accueille chaque jour 140 personnes sans-abri qui viennent là chercher un repas chaud.
  • La fréquentation du lieu est en hausse ces derniers temps en raison du phénomène migratoire et d'une hausse de la précarité.

Une petite sono crache un bien connu No woman no cry de Bob Marley. Autour, un petit groupe d’hommes tape la discute un café, une cigarette mal roulée ou une bière à la main. Les barbes sont souvent fournies, les visages marqués, les traits tirés. Nous sommes devant le restaurant social Leperdit, la seule cantine de Rennes réservée aux sans-abri. Un lieu bien connu des gens de la rue que tout le monde appelle le Fourneau.

Installé depuis 1969 dans une ancienne école du quartier de Cleunay, le restaurant social vient de bénéficier d’une importante opération de rénovation et d’agrandissement qui devenait nécessaire. « En cuisine, c’était compliqué. Le matériel était vieillissant, il n’y avait pas de place pour circuler. Et puis ça devenait limite au niveau des normes », explique Jean-François Perrin. Le directeur de la structure est connu de tous ici. « On propose un repas chaud le midi et un casse-croûte pour le soir. Mais l’aide alimentaire, c’est aussi un moyen d’accroche ».

L’accès à ce contenu a été bloqué afin de respecter votre choix de consentement

En cliquant sur« J’accepte », vous acceptez le dépôt de cookies par des services externes et aurez ainsi accès aux contenus de nos partenaires.

Plus d’informations sur la pagePolitique de gestion des cookies

Le Fourneau accueille 140 personnes par jour du lundi au samedi. Beaucoup d’hommes et peu de femmes qui ont comme lien commun de vivre à la rue. « Je n’aime pas le terme de SDF. Je dirais plutôt qu’on est des zonards. L’hiver, on va de point chaud en point chaud. On est nomades », raconte Christian, qui vit dehors depuis 15 ans.

Ce midi, les habitués du restaurant social avalent un gratin de chou-fleur accompagné d’un curry de dinde et d’un morceau de pain. Une orange en dessert et un café. « Ça fait dix ans que je viens ici. On mange bien et c’est consistant. Le personnel est hyper sympa. On voit les copains, on peut se poser. Quand on sort d’ici, on est bien. Si on n’avait pas le Fourneau, on serait bien emmerdés », poursuit l’ancien militaire de 67 ans.

Le restaurant social Leperdit, à Rennes, qui accueille des sans-abri.
Le restaurant social Leperdit, à Rennes, qui accueille des sans-abri. - C. Allain / 20 Minutes

Dehors, les chiens attendent leur maître. Ici, ils sont tolérés, comme l’alcool, mais uniquement à l’extérieur du bâtiment. « Tiens Gérard, ça va ? Tu veux des couverts ou tu es venu avec ta boîte ? ». Derrière le comptoir de la cuisine, Myriam, l’une des trois salariées en cuisine, voit défiler les hommes et autant de parcours cabossés. « Certains ont traversé des mers, d’autres ne sont jamais sortis de Bretagne. Il y en a qui ont des addictions, d’autres qui ont de sérieux soucis de santé. Il n’y a pas de profil type, assure le directeur de la cantine. Ils ont en commun d’avoir faim et de ne pas avoir de logement ».

« On a agrandi l’infirmerie car ça devenait irrespirable »

Au-delà du repas chaud, les sans-abri trouvent ici un soutien psychologique, une aide pour l’administration. Un éducateur spécialisé vient les épauler, une psy les écouter et une infirmière s’attache à les soigner. « On a agrandi l’infirmerie car ça devenait irrespirable. Il n’y avait pas de confidentialité, on manquait de dignité », reconnaît Jean-François Perrin.

Depuis un an, le restaurant social Leperdit a vu sa fréquentation augmenter. « Il y a un phénomène migratoire et une hausse de la précarité. On voit des gens qui bossent mais qui doivent dormir dans leur voiture en attendant un logement ». Un phénomène relativement nouveau à Rennes, selon le directeur des lieux. A 13h, la porte du restaurant se ferme. Et la rue reprend ses droits.